Oui, il y'a un fantôme sous cette enveloppe charnelle. "Ghost in the Shell", c'est sexy visuellement, mais c'est fade à l'intérieur ... y'a rien. Enfin si, il y'a quelque chose, mais qui a totalement dénaturée l'oeuvre originale.
Là où le film de Mamoru Oshii (1995) met en scène un propos complexe, mais très pertinent sur l'évolution technologique et l'intelligence artificielle, Rupert Sanders, va tout simplifier, pensant que son public sera bête à manger du foin (Il a lui même reconnu avoir alléger le propos pour que ça soit plus accessible). Mais un film est là pour nous faire réfléchir aussi !! Le personnage de Motoko incarnée par Scarlett (oui MOTOKO et pas major Mira blablabla) n'a plus rien des traits de l'originale. Là où la première mi-humaine, mi-robot, apprenait d'elle-même le libre arbitre, la seconde (Scarlett donc ...) n'est concrètement qu'un pantin qui attend qu'on lui donne l'autorisation d'en avoir un. Et ces pseudo-mélodrames qui viennent plomber l'ambiance ... Il n'y plus aucune complexité dans le personnage, il devient fade, attachiant, banal et moins froid, rude et intrépide que l'original. Le "puppet-master" on en parle ? Enfin, Kuze ! C'est quoi ce "méchant" en carton qui a autant de raisons de faire le mal qu'un vilain dans "Totally Spies" ? Et puis du fan-service "en veux-tu, en voilà", ça y'en a ! Au point qu'on se demande si Rupert Sanders n'a pas vu les films originaux 4h avant le début du tournage, ce soit dit "J'ai rien compris, mais on m'a filé le pognon. Alors c'est parti !!!" et ne fait même pas l'effort de faire sa propre adaptation.
Bon certes, on en prend plein les yeux et la musique est cool (merci d'avoir repris le thème "Making of Cyborg" ... même si c'est au générique de fin ...), mais il ne faut pas oublier que lorsqu'on s'attaque à un monument pareil, il faut prendre en compte le fond. Tout d'abord, "Ghost in the Shell" (2017) ne fera pas date, car il n'a rien de révolutionnaire. Ensuite, il ne marquera pas les esprits, car il ne reflète pas une époque, un contexte, une culture. "Ghost in the Shell" (1995) était fait pour les années 90, début des années 2000, il a laissé sa trace dans le cinéma d'animation japonaise et bien au-delà, jusqu'à Hollywood (référence à "Matrix"). Il représente, tout comme "Akira", une époque, un style, un courant, une idée, une crainte et un fantasme. Le film de 2017 n'a aucune portée ! Peut-être qu'il ne prétend pas à ce titre, mais dans ce cas, à quoi bon ? Et surtout pourquoi continuer avec le monument "Akira" d'ici quelques années ? Il y a des films que l'on peut réadapter avec le temps, d'autres non ... Rupert Sanders nous a prouvé une fois de plus que "Ghost in the Shell" (1995) et sa suite "Innocence" (2004) doivent rester et resteront des oeuvres uniques.