Agréablement surpris, c’est la sensation que j’ai eu en sortant du cinéma pour Ghost in the Shell version 2017. Il faut dire que je n’attendais absolument rien de ce projet qui avait tout de la sombre mascarade Hollywoodienne. Un projet casse gueule, loin d’être parfait, mais qui fait suffisamment bien le job pour être regardable par le commun des mortels. En terme d’adaptation, c’est ce qui différencie Ghost in the Shell de Assassin’s Creed sorti en fin d’année dernière par exemple. Car à la différence du long métrage de Justin Kurzel, celui de Rupert Sanders trouve un bel équilibre entre la drague faite aux fans de la première heure et l’adaptation formelle pour le grand public. Mais, avant de me prendre les foudres des fans en colère, bien entendu qu’en comparaison du classique de l’animation, cette nouvelle adaptation perd énormément sur le fond de l’histoire.
Les raccourcis du récit sont nombreux, l’édulcoration des thèmes également, mais le tout sert l’adaptation tel que l’on nous propose de la découvrir. Il manque cette étincelle d’audace, celle qui nous aurait fait réfléchir à notre condition humaine ainsi qu’au transhumanisme et qui aurait pu transcender le projet au niveau d’un Blade Runner, mais dans les faits, la proposition reste solide pour un blockbuster moderne. Le film se suffit à lui-même et ouvre suffisamment bien son univers au public qu’il vise, sans être foncièrement honteux pour les autres. Le problème majeur qui ressort de l’édulcoration du fond, c’est que de nos jours, le récit proposé devient beaucoup trop classique. On a la fâcheuse impression de l’avoir subi ces 20 dernières années dans la majorité des films de science-fiction, alors qu’ils sont eux-même des héritiers directs de Ghost in the Shell. Sans l’étincelle du fond, il aurait fallu probablement transformer entièrement le récit, quitte à renier son héritage.
Si sur le fond le film est classique et manque d’audace, la forme, elle, a reçu un soin tout particulier. Ghost in the Shell fait partie de ces films visuellement impressionnants, mariant l’extrémisme du numérique au minimalisme des décors naturels. Les panorama de New Tokyo sont en majorité splendides et fourmillent de nombreux détails. Pour un monde rongé par le bas-fond du transhumanisme, c’est peut-être trop propre, trop épuré et aurait gagné à être plus organique, plus viscérale, mais la proposition fait tout de même mouche. Le tout est bien aidé par Rupert Sanders qui n’est pas qu’un simple Yesman, contrairement à ce que l’on aurait pu croire. Il nous propose des cadrages et une photographie plutôt efficace, avec quelques bonnes idées de réalisation bien trouvées. Cependant, si on ressent un certain amour de sa part pour le matériel de base, les bonnes idées ne sont pas toujours entièrement abouties et on se dit souvent « dommage, tu aurais pu aller encore plus loin ». La faute aux studios ? Probablement.
On finira cette chronique en n’oubliant pas le casting hétéroclite du long métrage. En particulier de Scarlett Johansson vu qu’elle était largement attendue au tournant. Bien loin de la polémique de Whitewashing entourant le film et dont je me contrefous (de la bouche même de Mamoru Oshii, n’importe quel acteur/actrice pourrait faire le rôle vu que l’on parle d’une enveloppe synthétique ! Autant en prendre une qui remplie les salles), son jeu d’actrice manque de justesse. Elle force bien souvent trop les traits de son personnage. Ses mouvements, ses expressions, sa démarche, le tout manque de fluidité et fait trop robotique, en confondant jouer un robot plutôt qu’un être synthétique. Heureusement pour nous, le reste du casting est bien plus agréable à voir. Le nouveau venu Pilou Asbæk nous offre un Batou agréable et sera la vraie découverte du casting, en jouant un personnage plus humain qu’à l’origine (qui était inspiré à la base par Arnold Schwarzenegger). Voir Takeshi Kitano en Daisuke, bien que peu mis en avant, est également un excellent gulty-pleasure.
Pour conclure, Ghost in the Shell n’est pas l’adaptation honteuse que l’on aurait pu croire. Je suis resté surpris par la proposition, bien plus propre que tous mes pronostiques à son égards. Si tout n’est pas parfait, en particulier sur le fond, le film est suffisamment honnête pour pouvoir passer un moment agréable à l’œil, peu importe votre rapport avec l’oeuvre de base. On aurait aimé avoir plus, avoir un classique moderne, mais dans les faits ce n’est pas non plus une catastrophe. C’est déjà un tour de force appréciable pour une adaptation aussi casse gueule.
Coffee Quest