Pour bon nombre d'amateurs, Ghost in the Shell avait tout du classique inadaptable, tant l'oeuvre originelle de Masamune Shirow est riche et aborde des thématiques complexes : le rapport de l'homme à la machine, de l'identité dans un monde d'information et d'informatiques (rappelons que le manga, puis l'anime sortent à une époque où Internet n'en est qu'à ses premiers balbutiements)... La dimension méta et philosophique de l'oeuvre originale paraît aussi bien difficile à mettre en place dans un blockbuster. Difficile, mais pas impossible : après tout, les frères Wachowski avait proposé avec Matrix (1999) une œuvre complexe, où il est évident que l'influence de Ghost in the Shell est présente.
Alors qu'en est-il de la version live de Rupert Sanders ? Le Britannique a indéniablement essayé de rester fidèle à l'univers et son ambiance. L'esthétique est bien présente, et les décors, une ville où Shanghaï se mêlent à Blade Runner, sont magnifiques. Le réalisateur pousse le mimétisme dans certains directement repris de l'anime original...
Les amoureux de l'oeuvre regretteront sans doute quelques partis pris de l'intrigue qui ont été simplifiés pour ce blockbuster. On peut notamment regretter l'importance prise par la quête d'origine du personnage principal Les autres, du reste, apprécieront un film indéniablement beau et rythmée, porté par une partition impeccable et étonnamment électro du compositeur Clint Mansell. Si le choix de Scarlett Johansson dans le rôle titre a pu porter à controverse (la production étant accusée de whitewashing, soit la différence d'ethnicité entre un personnage et son acteur), l'actrice trouve ici un rôle à sa mesure et qui complète une filmographie déjà bien inspirée par l'incarnation de personnages au corps atypique (The Island, Under The Skin, Lucy, Her).