Lors de mon premier visionnage du film, je ne connaissais que les deux films de Oshii (et ne les avait vu qu'une seule fois). J'avais alors trouvé le film sympathique, même si peu marquant. Seulement, en le revisitant suite à un investissement beaucoup plus poussé de ma part (après visionnages des différentes séries et autres films dérivés, et revisionnage des films de Oshii), le constat se fait beaucoup plus amer.
Le film est le résultat d'un réel effort et d'un travail de passionnés, c'est certain. Les costumes, décors et objets sont tous réalisés avec soin (malgré quelques décors un peu brouillons ou paraissant un peu trop CGI en 2021). Je n'ai pas donc pas trop de problèmes de ce côté là.
Le casting est dans l'ensemble bon, et on reconnaît suffisamment les différents personnages, même si beaucoup d'entre eux sont finalement inutiles au film (Saito, Togusa et compagnie). Batô et Aramaki sont plutôt bien réussi et assez attachant (malgré le fait étrange qu'Aramaki soit le seul personnage qui ne parle pas anglais, mais passons...). Je ne suis pas fan du Motoko (?) du film, mais je pense qu'il s'agit plus d'un problème de direction d'acteurs et de scénario que de Johansson, qui est habituellement une actrice que j'apprécie plutôt bien. On notera également qu'à l'exception d'Aramaki, les personnages sont globalement plus expressifs que dans leurs autres incarnation, ce qui peut les rendre attachants, mais nuit à leur aspect de troupe de professionnels surentraînés. Les "méchants" du film sont, eux, ratés. Entre un pseudo Pupper Master émo et un grand méchant que l'on voit venir dès la 2ème minute, ils n'aident clairement pas le film.
Mais voilà, le film se prend les pieds au moment de construire son scénario. Ne sachant pas où arrêter l'hommage et où commencer sa proposition originale, le film se contente de nous emmener d'une scènes clés du film de Oshii à une autre, mais à la différence d'un véritable remake, il tente d'y imposer un scénario réécrit pour l'occasion. Cependant, il ne parvient au final qu'à ruiner toutes ces scènes déjà cultes sans pour autant proposer quoi que ce soit d'intéressant. Il aurait mieux fallut à ce compte là suivre tout le film original plan par plan (quitte à être un film inutile), ou alors se prendre en main et proposer quelque chose de neuf comme ont su le faire les séries Stand Alone Complex ou Arise. Le film se veut être à la fois un préquel, un remake et un film original, mais ne parvient à être aucun des trois.
De plus, sous couvert de la dimension psychologique de l'original, le film ne nous laisse pas le temps de nous immerger, de connaître les personnages et nous lance ses réflexions psychologies et métaphysiques (assez basiques au final, et loin des thèmes chers à l'original) à froid, dès les premières minutes, tandis que les films d'Oshii s'ouvrent toujours sur une première séquence marquante avant de se lancer dans les discussions complexes.
Il y a beaucoup d'autres choses à dire sur le traitement des thèmes propres à la série dans ce film (je vous recommande chaudement le livre de Rémi Lopez sur ce sujet). Mais je finirai en évoquant l'identité de notre héroine, qui a tout de Motoko sans le nom (dans ce cas pourquoi ne pas faire de Motoko sa nouvelle identité, plutôt que celle qu'elle a perdu) et qui n'a ici pas toujours été qu'un ghost dans un corps artificiel (ou en tout cas depuis son enfance). Or c'est ce dernier point, cette familiarité du personnage avec son corps artificiel et le réseau comme extension d'elle même qui le rend intéressant et lui permet d'explorer non seulement le transhumanisme, mais surtout le posthumanisme.