Ghost in the Shell
7.7
Ghost in the Shell

Long-métrage d'animation de Mamoru Oshii (1995)

Quand l'Humain et la Technologie ne font plus qu'un

Ghost in the Shell est en quelque sorte un ovni cinématographique des années 1990. Si je ne connais pas bien la mythologie liée à l'univers, il n'empêche que j'ai été particulièrement séduit par ce film d'anticipation on ne peut plus intelligent. Difficile à critiquer, il faut un certain temps pour digérer le message du film, sa signification réelle.

Rappelons d'abord la situation : dans le futur, on peut dire que robot et humain ne font plus qu'un, tout le monde est amélioré, que ce soit complètement pour ne plus laisser de place qu'à l'esprit humain rationnel ou partiellement (cerveaux améliorés...) afin d'être plus efficace. Un complot et une série de meurtres entraînent une enquête des services secrets et notamment l'agent Kusanagi. Cette dernière n'a d'humain que l'esprit, le reste étant un corps artificiel amélioré. Elle va durant tout le film se poser des questions quant à sa propre humanité et résoudre un complot assez complexe.

Et ce n'est pas que le complot mais bel et bien le film dans son ensemble qui est complexe : film d'animation pour adultes, on y voit la nudité et des scènes d'une rare violence tout cela dans une animation fluide et des dessins réalistes. Bref, techniquement parlant le film est une réussite.

Pourtant, si le film est intelligemment construit et amène à réfléchir sur l'évolution de la technologie et les avancés toujours plus poussées en matière de robotique et d'ingénierie, il n'en reste pas moins un peu imperméable tant il recherche un discours philosophique, un peu trop poussé peut-être. Que faut-il croire ? Qu'est-ce qui définit un être humain ? Son corps, son âme, sa liberté de pensée ? L'auteur tente d'y répondre sans vraiment faire attention à la question. Il nous montre qu'un homme peut-être corrompu par la technologie et qu'on peut très bien implanter de faux souvenirs à quelqu'un dans le but de lui faire faire ce que l'on veut dans une société où tout est possible grâce aux nouvelles technologies.

Seulement voilà, on finit par avoir l'impression d'être devant un sujet de dissertation de philosophie niveau lycée et ça ennuie un peu. Dans le sens où si les scènes d'actions permettent d'alléger quelques peu le propos, on n'en reste pas moins à réfléchir à une question pas tout à fait clairement posée, pas non plus totalement confuse. On mélange deux genres : le soi et la technologie, on ne peut plus revenir en arrière. Si bien qu'à la fin du film, (ATTENTION SPOILER), Kusanagi se voit obligée de fusionner avec l'auteur de ces meurtres, se laissant convaincre que devenir un pur produit du net est la seule façon de comprendre son humanité, d'en être l'essence même.

Un discours un peu simpliste sur la fin donc puisque au vu des questionnements qu'apporte le film, on pouvait attendre mieux. Comment faire pour ne pas devenir la technologie que nous créons ? Comment ne pas en être esclave ?

Néanmoins, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec Matrix sorti 4 ans plus tard qui reprendra nombre des codes de ce film d'animation, jusqu'à certains styles de combat. Je n'ai pas de sources concernant ce point mais je ne peux pas m'empêcher d'effectuer une comparaison entre les deux histoires.

Une oeuvre majeure de la science-fiction moderne et de l'animation japonaise pour le plaisir des yeux et, une fois n'est pas coutume, donne matière à penser longuement après le visionnage. A voir et revoir pour une compréhension plus en profondeur. D'ailleurs, je devrai le revoir encore une fois, afin de pousser un peu plus l'analyse d'un film encore trop hermétique pour moi.

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le 11 janv. 2012

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Carlit0

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