Ghostwatch
7.2
Ghostwatch

Téléfilm de Lesley Manning (1992)

Le soir d'Halloween, Monsieur et Madame Tout-le-monde britannique s'asseoie comme chaque soir devant son reportage du soir sur la BBC, sirote son thé darjeeling, retrouve ses journalistes et son présentateur-vedette, tout va bien... Enfin, pas pour longtemps. Le sujet du soir : l'enquête sur une maison hantée virulente "comme l'affaire Enfield" (qui défraie la chronique du moment)... où, très vite, le fantôme s'en prend à tous les intervenants. Tout dérape, tout le monde crie, c'est la cacophonie à l'écran. L'émission est un traquenard, une blague effrayante de la BBC à destination de son public en pantoufles moumoutées (pour les réveiller un peu), renversant leur thé sur le peignoir, et cela va marcher trop bien : 11 millions de spectateurs, et plus d'1 million d'appels scandalisés, effarés, traumatisés. Résultat : un téléfilm censuré pendant des décennies, rangé au fond d'un carton poussiéreux comme étant une "blague qui a viré au fiasco", visible à l'étranger en seconde partie de soirée, dans de vilaines copies, et récemment remise au goût du jour par quelques passionnés de l'horreur décalée. Alors, que vaut concrètement cet obscur objet du désir, ce traumatisant happening qui a fichu les foies à tout un pays ? Rien de bien terrifiant, limite soporifique, pour qui le regarde sans penser au contexte, au canular (si vous le regardez : pensez à votre position, à vos réactions, si vous voyiez pareils événements devant votre JT favori, arriver à votre présentateur et aux journalistes que vous aimez bien... Vraiment, l'effet n'est pas le même). Il y a vraiment ce rapport de "confiance" entre journalistes et animateur que les gens connaissent, qui marche au centuple (on met le mari de la journaliste dans le coup, pour montrer qu'il est choqué de ce qui arrive à son épouse en direct : c'est simple, comme méthode, mais ça marche : on y croit à fond). Ceci dit, au-delà du visionnage "en imaginant la tronche de Monsieur et Madame Smith devant BBC One le soir d'Halloween 1992", on n'en a pas vraiment pour notre argent : il ne se passe concrètement rien, on nous dément volontairement quelques apparitions du fantôme (on voit la gamine qui frappe contre le mur pour simuler la présence du fantôme), bien que cela soit au service de la crédulité (on pense au canular, du coup, avant la fin qui pète un câble "à la Blair Witch"... Oui, impossible de ne pas voir le lien entre les deux œuvres, où il ne se passe rien en face caméra, et les dernières minutes renversent la vapeur), et pour notre part : on n'a jamais vu le fantôme. D'après le podcast Jumpscare (à qui on doit ce visionnage), le fantôme apparaît pas moins de treize fois. On va prendre rendez-vous chez l'opticien, comme l'une des chroniqueuses du podcast (on se sent moins seul), n'ayant jamais aperçu l'esprit frappeur... Pour conclure, si vous avez une once de curiosité pour les traquenards à la "Orwell" (bien que l'hystérie de l'émission radio "La Guerre des Mondes" est en réalité une légende urbaine), si vous avez un peu de compassion pour ce qui arriverait à votre chroniqueur favori (qui vous arnaque, et rigole en coulisse) un soir propice aux esprits frappeurs... Tentez Ghostwatch, qui visuellement est très plat, mais relève d'une filouterie incroyable, une arnaque historique à ne pas manquer.

Aude_L
7
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le 6 mai 2024

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