"Ginger et Fred" est une satire de la télévision italienne façon Berlusconi, une comédie toute fellinienne puisque peuplée de personnages étranges, cocasses, colorés. Fellini n'a d'ailleurs aucun mal à les réunir: tous sont là pour participer à une émission vouée à présenter des témoignages extravagants et des existences insolites dans une démarche complaisante et voyeuriste.
La satire est éloquente, sans férocité, et montre bien de quoi se nourrit cette télévision populiste. Dans les coulisses du studio, avant l'émission qui constituera le bouquet final, on croise tout et n'importe qui: un travesti, un prêtre amoureux, des sosies de stars de cinéma -preuves symboliques de l'infériorité de la télévision- une vieille gloire de l'armée...
Parmi toutes ces figures venues chercher quelques instants de notoriété et dont la télévision prétend faire un spectacle, un couple de vieux danseurs se retrouvent pour l'occasion. Ginger et Fred -pas besoin de présentation pour les cinéphiles- comprennent vite que leur place n'est pas ici, sauf à sombrer dans le ridicule. Car ce n'est pas leur talent de danseurs qui intéresse la télévision, indécente et cruelle, mais leur image d'artistes déchus et vieux.
Dans ce film fouillis et parfois un peu bavard, les retrouvailles de Ginger et Fred après tant d'années, et avec ce qu'elles contiennent d'allusions à leurs jeunesse, introduisent, parallèlement à la comédie, une certaine émotion.