Si le générique de début ne présageait rien de bon (zoom cheap, éclairage à chier, police d’écriture racoleuse…), le film montre très vite d’indéniables qualités, autant dans la narration que dans les jeux d’acteurs. Tout le monde a parfaitement compris le sérieux de l’entreprise, et surtout, aucun des acteurs n’est simplifié à l’extrême. Là où d’habitude, un aide soignant abusant des dépendantes des patientes se révélait être un connard bon pour l’abattoir, Ginger Snaps 2 le traite avec une objectivité rare, osant même en faire un allier pendant un bon quart d’heure du film (les injections d’aconite retardant la transformation, il est la seule opportunité de Christine pour en obtenir). Brigitte, la protagoniste, est elle aussi touchante dans le monstrueux dilemme qui s’abat sur elle, la transformation étant inévitable (le temps qu’elle gagne sert juste à chercher une hypothétique solution, et constamment, celle du suicide revient à la charge, au cours d’errances morales parfaitement retranscrites par les ambiances sonores). Enfin Ghost, sensée être la side kick enfantine du film, se révèle être une psychopathe en puissance dont la volonté d’attachement à Christine se révèle sans limite (c’est face à des jusqu’auboutismes de la trempe du final de Ginger Snaps 2 qu’on a conscience de voir un film qui veut faire de l’inédit). Passons enfin à la principale attraction à effets spéciaux du film : le loup garou. Ben il est réussi, le bestiau ! Si pendant la première moitié du film, on a un peu peur de sa discrétion (on n’est pas loin des effets spéciaux minimalistes du Loup Garou de Londres), la suite les évènements le mettra nettement plus en lumières, dévoilant une bête qui n’a pas à rougir devant ses prédécesseurs. Le film évite astucieusement le piège des effets spéciaux numériques habituellement de rigueur avec ce genre de bisserie en s’appuyant sur les codes de son prédécesseur, à savoir que la transformation est unique et définitive. Exit les effets spéciaux démonstratifs, bonjour le maquillage en latex à l’ancienne. On peut juste regretter un découpage dynamique qui ne laisse jamais le temps de détailler la bête alors que l’impressionnante bestiole aurait largement supporté cela. Aucun humour dans les dialogues, Ginger Snaps 2 est d’un sérieux papal, s’éloignant des inspirations teens de son aîné pour se focaliser sur les parcours de ses personnages. Les choix de se fixer sur leurs directions et émotions sont au final payants, l’empathie fonctionnant à fond pour tout le monde. Jamais simple et toujours désireux de délivrer un film fantastique intègre, la réalisation de Brett Sullivan tient largement la route, surtout si l’on tient compte de la maigreur de son budget. Etonnant et puissant, Ginger Snaps 2 est une excellente surprise, le genre de DVD immédiatement attachant dont l’impopularité se révèle scandaleusement injustifiée.

Voracinéphile

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5

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