Une oeuvre remarquable et d'une très grande sensibilité

Pour une fois qu'en guise de titre, je me contente de copier / coller ce qui est marqué à l'arrière de la jaquette du DVD, c'est que ça doit en valoir la peine. Oui, oui, je confirme.

En 1993, alors que j'étais en cours de cinéma, notre prof — une fille jeune mais à l'esprit rigide nommée Sylvette Monnier — nous avait dit de "Gloria" qu'il avait été abondamment plagié par Luc besson dans "Léon".

Bêtement, je l'ai crue, sans vérifier ses dires. Pendant des années, j'ai donc abondamment colporté ce ragot dans diverses soirées parisiennes, histoire de me la jouer "je brille en société avec ma culture ciné"...

Bien mal m'en a pris. L'année passé, bien décidé à vérifier cette assertion, j'ai enfin fait l'acquisition du DVD de "Gloria".

Je suis désormais en mesure d'affirmer que Mademoiselle Monnier m'a menti.

"Léon" n'est pas un plagiat de "Gloria".

Certes dans les deux films, il est question de la fuite d'un tandem enfant/ adulte fortuitement constitué par les circonstances de la vie. Néanmoins, dans le premier, Mathilda (Natalie Portman) s'enfuit avec Léon (Jean Reno) un ex-tueur à gages, alors que Gloria, elle, a juste été la meuf d'un parrain de la mafia, M. Tanzini.

Nuance.

La ressemblance entre les deux histoires s'arrête là. Ce chapitre également.

Film indépendant de John Cassavetes, "Gloria" impose un rythme haletant, souligné par une excellente musique de Bill Conti.

Admirablement bien filmé, découpé au rythme des 70's/ early 80's que j'apprécie tant, j'y ai retrouvé pas mal de mes seconds couteaux préférés : Sonny Landham ("48 heures"), Tom Noonan ("Dragon rouge", "Heat") et Lawrence Tierney ("Reservoir Dogs").

Le scénario dépeint une réalité crue, violente et impitoyable.

Cette violence apparait dès la première scène où la mère de Phil (le petit garçon joué par John Adames) tombe dans le bus avec ses courses, alors qu'elle s'apprête à descendre à son arrêt.

La cage d'escalier de son immeuble fait froid dans le dos... D'emblée, on sait que ça va secouer. Et on ne tarde pas à en être convaincu.

Un autre moment très fort visuellement se produit vers 0'38 minutes, lorsque Gloria tire sur la voiture de ses poursuivants... Woao, ça tabasse.

La vision cradingue du Bronx et de New York en général, notamment son métro, rappelle "French Connection" de Friedkin et "les guerriers de la nuit" de Walter Hill.

Gena Rowlands délivre une performance tout simplement éblouissante. Son tandem avec Phil fonctionne à merveille. Dépourvue de mièvrerie, l'évolution de leur relation est un pur régal pour le spectateur.

Attention scène finale enrichie au sel de larmes...

Régalez-vous avec ce chef d'oeuvre, très dur, mais très beau.