Amusante coïncidence, j'ai vu "Glory" le lendemain de "11 Minutes", ce qui m'a permis, lors de mon weekend du 1er mai, d'assister à un improbable mini festival du film horloger d'Europe de l'Est. Mais la comparaison avec "11 Minutes" s'arrête là, car ces deux films n'ont en commun que de fréquents gros plans sur des montres.


"Glory" est une fable grinçante sur le pouvoir et la corruption. Dans une Bulgarie actuelle, dont les paysages urbains et ruraux ressemblent à ceux de la France des années 1980, un humble cantonnier va se faire instrumentaliser tour à tour par le Ministère des Transports, puis par un journaliste peu scrupuleux. Son fait d'armes : avoir restitué un gros paquet de biffetons qu'il a trouvé lors de sa tournée d'inspection des voies ferrées. Les déboires de cet homme simple, mais honnête, serviront dans tout le film de fil rouge pour montrer au spectateur une société cynique, profiteuse et corrompue. En Bulgarie, certes, mais l'on ne voit pas ce qui empêcherait de transposer ce pitch dans d'autres pays de l'Union Européenne, cette dernière étant d'ailleurs évoquée dans le film, à travers un plaisant clin d'œil.


Il y a dans "Glory" un second personnage important, en la personne de Julia Staykova, la chargée de relations publiques du Ministère des Transports. En s'attardant sur le personnage de cette oligarque, les réalisateurs s'en donnent à cœur joie pour ce qui est de décrire une caste totalement hors sol : névrosée, autoritaire, manipulatrice, totalement obnubilée par sa tâche, Julia (fort bien interprétée au demeurant) a par ailleurs recours aux services de la technologie médicale pour essayer d'avoir un enfant, ceci étant parfois difficilement compatible d'avec la disponibilité que requiert le traitement médiatique de l'affaire du cantonnier.


Il ressort de tout ça un film assez sympa, plutôt dépouillé dans sa forme (pas de musique). Et bien que vendu par la critique comme une comédie, je ne l'ai pas trouvé forcément très drôle : on ne rit pas aux larmes. Mais, rien à dire, c'est bien envoyé.

Marcus31
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vu au cinéma en 2017

Créée

le 1 mai 2017

Critique lue 648 fois

6 j'aime

3 commentaires

Marcus31

Écrit par

Critique lue 648 fois

6
3

D'autres avis sur Glory

Glory
Marcus31
7

Rends l'argent ! Vraiment ?

Amusante coïncidence, j'ai vu "Glory" le lendemain de "11 Minutes", ce qui m'a permis, lors de mon weekend du 1er mai, d'assister à un improbable mini festival du film horloger d'Europe de l'Est...

le 1 mai 2017

6 j'aime

3

Glory
Jeqeen
7

Critique de Glory par Jeqeen

Ce film bulgare met en scène l’encensement puis la chute du cheminot Tsanko Petrov qui, glorifié par le gouvernement pour son honnêteté, est par la suite démoli et humilié par la corruption de...

le 30 déc. 2016

5 j'aime

Glory
dagrey
7

Death or Glory?

Tsanko Petrov, cheminot scrupuleux et bègue trouve un tas de billets de banque le long de la voie ferrée. Bien que démuni, il décide de remettre la totalité de la somme à la police. Fêté par le...

le 26 avr. 2017

3 j'aime

1

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

35 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime