Le procès du siècle (mais le vrai, cette Foi)

Quelle jubilation, il n'y a qu'en Amérique qu'on peut encore faire un film aussi religieux aujourd'hui, qui utilise les mêmes codes de la mauvaise foi à l'encontre des athées que ces derniers utilisent depuis des décennies pour salir la religion chrétienne, ou tout du moins diminuer sa visibilité dans la sphère publique en dépit des origines et de son influence historique. Il faudra bien le reconnaître, le film est totalement complaisant avec sa cause religieuse, s'accorde des digressions en totale faveur de ses protagonistes (le parcours de l'étudiant chinois par exemple, dont les questionnements sont pris comme un affront par son père, situation à fortiori réaliste, mais dont la dramatisation appuyée ne saisira aucune nuance). Ou encore cette femme qui voit son cancer se guérir miraculeusement en ayant toujours des doutes... Il en va de même pour la représentation de l'avocat de l'accusation, qui se présente d'office sous le mot "haine". C'est en l'occurrence vrai, mais jamais un tel personnage ne se présenterait pas ainsi. Il insisterait sur sa volonté de libérer les peuples du carcan de l'obscurantisme, s'étendrait sur les divagations absurdes d'une bande d'illuminés vivant au moyen-âge, astiquerait sa chevalière franc-maçonne... Là on serait dans le vrai, alors qu'ici, c'est un peu exagéré.


Les détracteurs du film seront particulièrement agacés par ce dernier, qui n'a de cesse de revendiquer sa Foi tout en énumérant des faits tangibles soulignant l'aspect culturel et historique du Christiannisme, qu'il est impossible d'exclure totalement de la vie politique (dans la mesure où elle s'appuie sur l'Histoire, et où elle fait régulièrement intervenir des croyants). Dans ce registre, il est intéressant de suivre les cheminements de sa pensée, et au final sa revendication de la liberté d'exprimer ses opinions religieuses. Mais encore une fois, la conclusion dépasse le cadre du procès, puisque la citation de la professeure accusée est faite dans un contexte relié au cours. Dans le cadre du procès, le film est tout de même honnête dans l'organisation des accusateurs , autant dans leurs motivations que dans leur tactique (l'écartement du principal témoin mineur au profit de ses parents partis pris est un point assez manifeste de manœuvre juridique). L'intimidation qui est d'ailleurs associée à l'accusation est là aussi à la hauteur de la pression morale sur le sujet. Elle est tellement palpable qu'il est évident que l'accusation de "paranoïa" sera lancée en toute impudeur. Toutefois, le film est basé sur des procès réels, basés sur des déclarations qui n'ont à fortiori pas à être traitées en tribunal (mais comme il y a toujours du fric à retirer et des exemples à faire...).


Le film est optimiste, à l'image de sa protagoniste. C'est le principal point fort du film, le seul qui atteste de l'authenticité du projet qui, à défaut de faire naître l'appel dans le spectateur ou de créer le trouble de l'interrogation, illustre la profonde détermination et bienveillance générale du chrétien moyen. C'est un film qui tire vers le haut sa communauté et sait mettre en avant ses points forts, même s'ils ne seront jamais considérés par leurs opposants. Il en va de même pour l'ouverture au dialogue au travers de tous les parcours individuels qui jalonnent le film, parfois trop visiblement pour servir la cause, mais toujours au service de l'individu. Le film redémontre la proximité entre la religion et la population, chose qui lui est constamment refusé normalement (combien de films, combien de dialogues ont tourné autour du creux des mots religieux et du vide de leurs symboles ou de leur soi-disant incapacité à transcender ?). Mais le film aurait dû jouer sa carte jusqu'au bout et accepter la condamnation. La bienpensance étant du côté des tribunaux et des médias, la condamnation ne fait pas de doutes (les ennemis de la religion auraient au moins eu cet os à ronger). Mais ce sentiment de persécution (idéologique) aurait alors inspiré la communauté à davantage d'entraide et de solidarité, retrouvant dès lors un sens incarné de charité dans la douleur.


Aux US, on compte toujours 70% de chrétiens, dont 50% de protestants. On pourra donc nuancer le caractère paranoïaque de ce film, même si la majorité de ces gens restent silencieuse devant l'application parfois intrusive de la laïcité. L'écho est bien plus fort dans nos pays européens, où un tel film sera reçu, il faut l'écrire, avec des torches et des fourches. Alors qu'il s'agit d'un banal drame qui revendique sa liberté de culte, certes en se ménageant une façade bien propre, mais sans mentir sur le fond. Dès lors, une question se pose : est-ce qu'apprécier ce film devient anti-démocratique ? La réponse est un non catégorique, mais l’irrépressible agacement de voir l'obscurantisme triompher devrait titiller nombre de spectateurs, qui auront très souvent, dans les deux cas, choisi leur côté avant d'aller voir le film.

Voracinéphile
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le 30 sept. 2017

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