Tout comme pour le metteur en scène de District 9, Gareth Edwards s'est fait remarquer dès sa première réalisation, avec le très bon Monsters, road-movie intimiste sur fond d'invasion extraterrestre.
Une oeuvre atypique pour le genre, centrée sur l'écriture qualitative des personnages, tout en créant une tension réelle grâce à un background crédible.
Et tout comme Blomkamp(avec le douloureux Elysium), le passage au second film s'avère compliqué pour le prometteur Edwards.

Avec son budget colossal, une campagne marketing efficace, à coup de teasers et d'artworks alléchants, tous les espoirs étaient pourtant permis.
La première partie va dans ce sens, avec des personnages classiques mais crédibles, une réalisation qui prend le temps de ménager ses effets à chaque apparition, sur fond de peur nucléaire et écologique, thème récurrent de Godzilla certes, mais intelligemment actualisé (référence à Fukushima).

Malheureusement, dès que les enjeux sont posés (en gros à la mort du père, pourtant personnage le plus intéressant), on abandonne rapidement les thématiques à peine évoquées, pour se concentrer sur la course contre la montre qui s'enclenche, afin de stopper les Muto, bien tristounets face au bestiaire des Kaijus de Pacific Rim.
Et là, vous pouvez lister tous les poncifs du genre, tout y passe dans la seconde partie.
Sur la Famille, l'Armée, les scènes de panique, tout je vous dit.
On repense au pire des blockbusters des années 90, vides de sens, jusqu'à World War Z aujourd'hui, où j'ai relevé la même utilisation de la femme du héros : des conversations téléphoniques sans intérêts avec son mari, qui servent d'ellipse entre deux séquences d'action. C'est dire le niveau de pauvreté d'écriture de cette partie, très faible et au rythme saccadé, sans parler du niveau d'empathie proche de zéro avec le héros.

La dernière partie relève un peu le level, avec un Godzilla vraiment réussi, filmé avec amour, mais assez anecdotique au niveau de l'action, qui accuse le coup, encore une fois, face à Pacific Rim avec ses combats démentiels, dans un Tokyo pop superbe, terrain de jeu d'un combat dantesque et fun.

Reste quelques séquences magnifiques pourtant, comme le saut en parachute, l'attaque du train de nuit, avec un travail sur le son exceptionnel.

Respectueux de la mythologie, mais affublé d'un scénario indigeste et trop balisé, il en résulte un blockbuster bancal, qui veut ménager sa montée en puissance, mais qui n' y parviendra jamais, la faute à un script paresseux qui s'attarde beaucoup trop sur le héros (et tous les autres d'ailleurs) à la caractérisation proche de zéro, TOUT EN SACHANT qu'ils n'auront aucune influence sur le déroulement des évènements...
C'est comme si on avait collé des séquences d'un Bay ou d'un Emmerich, auquel on rajoutait la vision ambitieuse d'Edwards dans une version Director Cut's.

L'inverse de la récréation Pacific Rim, qui dès le début, assume sa base débile et irréaliste, pour réaliser un fantasme de gamin, à la mise en scène magistrale, au background réussit, pour un spectacle régressif et décomplexé.

Dommage, les intentions étaient là, mais diluées dans les impératifs d'un blockbuster bête et sans imagination.
Wake_Up_Donnie
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le 15 mai 2014

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le 15 mai 2014

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Wake_Up_Donnie

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