« This thing is much too big to be some lost dinosaur. » DR. NIKO TATOPOULOS

En 1992, le studio de production Tristar acquiert les droits de la franchise Godzilla auprès de la Tōhō en vue de produire une trilogie. Les scénaristes Ted Elliott et Terry Rossio sont alors engagés. Ils livrent leur script final en 1994. Quelques mois plus tard, Jan de Bont est choisi comme réalisateur et débute la pré-production du film, prévu pour sortir à l'été 1996. Le réalisateur quitte finalement le projet après le refus de Tristar de lui allouer un budget supérieur à 100.000.000$.

Peu de temps avant la sortie en salles de Independence Day en 1996, Roland Emmerich et son scénariste Dean Devlin signent pour reprendre le projet, à condition qu'ils puissent y apporter leurs propres idées. Il faut dire qu’ils signent le projet presque en rechignant. Emmerich et Devlin n’ont jamais cachés leur méconnaissance de l’historique de la créature Godzilla et ils éprouvent un certains mépris pour les films japonais, leurs costumes en latex et même le film original de Ishiro Honda. Ils réécrivent presque en intégralité le script initial de Ted Elliott et Terry Rossio. Seules quelques séquences, comme le naufrage des bateaux de pêche et l'affrontement avec les sous-marins, sont gardées. Écologiste et antinucléaire convaincu, Emmerich et Devlin décident d'y inclure des éléments liés aux essais nucléaires français, sans doute en réaction à la reprise des essais nucléaires à Moruroa, en Polynésie française, sur ordre de Jacques Chirac après son élection en 1995.

Le film ne s’inspire que très vaguement du Gojira de Ishiro Honda, autant dans son scénario que dans le design de sa créature. Comme dit plus haut, Roland Emmerich est peu amateur de la créature Godzilla et fait donc radicalement changer son design par Patrick Tatopoulos, pour en faire une créature plus rapide et agile. D’ailleurs Tatopoulos va prêter son nom de famille au héros du film. Bien que choquée par le nouveau design, la Tōhō l'approuve (bien que ce Godzilla sera surnommé Zilla au Japon pour couper sa filiation avec le réel Godzilla), ce qui lance la production.

Godzilla sort en fin d’année 1998, le succès jugé insuffisant du film au box-office et des critiques très négatives conduisent à l'annulation de la trilogie.

Roland Emmerich et Dean Devlin parviennent cependant à transformer le projet en série d'animation Godzilla : The Series qui voit la bête devenir l'allié des humains pour lutter contre d'horribles créatures.

Cependant, après ça, Roland Emmerich et Dean Devlin ne travailleront plus ensemble. Ils ont eu une belle collaboration comptant Universal Soldier, Stargate, Independence Day, la série The Visitor et enfin ce Godzilla.

Exit donc le look particulièrement reconnaissable du véritable Godzilla, transformé ici en classique dinosaure géant irradié par les essais nucléaires français dans le Pacifique, rapidement bazardé en pleine rue de New York pour quelques séquences de destructions généreuse, avant d’aller se planquer dans les égouts de la ville. Jurassic Park, dont la suite est sortie l’année précédente, est vraiment l’inspiration générale de ce film. Et au cas où le rapprochement ne soit pas évident, Zilla se met à pondre des œufs pour donner naissance à des versions moins colossales permettant à Roland Emmerich de faire sa propre séquence de traque des Raptors. Bien entendu la réalisation n’est jamais à la hauteur de Steven Spielberg et le scénario prétexte et terriblement basique, les personnages assez crétins, l’amourette centrale franchement stupide et l’humour raz des pâquerettes, ne font que creuser le vide d’une entreprise aussi opportuniste que balourde. Cette dernière n’arrivera même pas à convaincre la cible américaine qui lui inflige un sacré camouflet du coté des chiffres de fréquentation.

Véritable trahison de l’identité nippone de Godzilla et de toute façon film catastrophe assez médiocre à l’arrivée, cette version américaine de Godzilla reste effectivement un cas d’école sur la bêtise de l’américanisation des produits cinématographiques, mais permettra ironiquement à la saga japonaise de reprendre du poil de la bête avec un besoin de réaffirmation concrétisé dans leur saga Millenium Godzilla. La Tōhō tournera même l’affaire à une vaste blague dans un de ses films en envoyant bouler dans le décor le Zilla moche en image de synthèse d’un simple coup de queue du seul et unique Godzilla.

MAIS !

Je suis un gamin des années 1990 et ce film faisait partie de mes VHS de chevet avec Jurassic Park et Independence Day justement. À chaque visionnage je me souviens de mes après-midi à switcher entre ces trois VHS. J’étais captiver par les destructions massives de Zilla. Je ne connaissais pas cette créatures, ce personnage iconique et fascinant, et j’étais souvent attirés par ce genre de créatures monstrueuses et fantastiques. La présence même de ce gigantesque monstre était suffisant à ma satisfaction (et puis quel plaisir tout ces mini Zilla). Pour quelqu'un qui n'a pas été exposé à l'original japonais ou qui n'a pas encore développé des critères cinématographiques très exigeants, étant enfant, le film de 1998 était une expérience totalement nouvelle, excitante, prolongeant même le plaisir d’un Jurassic Park.

StevenBen
8
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le 7 avr. 2024

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Steven Benard

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