Si Godzilla n’a pas été capable de sauver l’Asie des catastrophes de Fukushima et du tsunami de 2004, c’est bien grâce à lui que le 11 septembre a de nouveau été évité pour la énième fois dans le cinéma Américain. « Le roi des monstres : Sauveur de notre ville ?». C’est ce qu’affiche le journal télévisé lorsque la créature quitte la baie de San Francisco pour retourner à ses profondeurs. Car oui, dame nature - ici un reptile de 50 mètre de haut - est dans le camp de Etats-Unis pour bouter la puissance ennemie hors du territoire. Et si c’est de dame nature qu’il s’agit, c’est pour la simple raison que notre géante bébête nous a apporté sa morale écolo-nipponne dans ses valises.
Créature née de l’imagerie des japonais après les drames d’Hiroshima et Nagasaki (ce que le générique ne manque pas de souligner, littéralement), il était plus que logique qu’elle resurgisse après la récente catastrophe survenue en 2011. Dinosaure nucléaire des origines, Godzilla n’a qu’un seul but : « rétablir l’équilibre » et ainsi empêcher tout étranger (non occidental en fait) d’utiliser à mauvais escient l’arme atomique. En cela, la bête est on ne peut plus américaine et perd toute origine nipponne pour tomber dans une morale plus ou moins réac’ (On est pas loin d’employer le mot facho pour faire plaisir à Max0) ; appuyé par un Aaron Taylor-Johnson, bon père de famille et soldat exemplaire dont la nullité est proportionnelle à la taille du reptile.

Outre ce genre de problèmes, le film s’accorde un vrai souci de fidélité : les références aux origines du monstre s’enchainent et donnent un aspect réflexif au film qui réinterprète les codes qui ont fait la gloire de Godzilla dans les années 50. Le monstre gentil revient sauver les humains de la catastrophe nucléaire qui menace la ville en nous offrant des combats urbains dantesques contre des créatures démesurées ; aspect si cher aux japonais qui à l’époque, revoyaient leur ville sauver de la destruction à chaque intervention du protecteur.
D’un point de vue de pur dispositif, le film se paie le luxe de vraies belles idées : les plans s’accordent une durée suffisante pour toujours permettre une liaison entre l’Homme et les créatures, générant un rapport d’échelle assez beau. Rapport suffisamment absent des productions récentes pour être souligné ici (le dernier Spider-man : un mouvement de bras = 4 plans). Ainsi le film préférera très souvent le plan d’ensemble au rapproché afin de nous placer l’intégralité de l’action sans démonstration de montage nauséeux où le haut se confond avec le bas. Cette intention de mise en scène plus que louable parvient même à créer certains plans vraiment beau, comme cette séquence de saut en parachute où les références au jugement dernier pleuvent dans des cadres esthétiquement très réussis. Le film s'offre même des séquences silencieuses (si si !) où la musique disparait pour laisser place à des gémissement inhumain lors de séquences haletante où la mise en scène se laisse tenter par l'abstraction le temps de quelques plans brumeux sur un pont suspendu.

Dans le marasme des films interchangeables, Godzilla peut-être l’esquisse d’une remise en question du grand spectacle Hollywoodien même si la révolution est encore très loin.
T-Mac
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le 15 mai 2014

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T-Mac

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