Le fait est assez rare pour être noté : une fois la séance terminée, j'ai eu l'impression de m'être fait arnaquer.
Quand on voit la bande-annonce, on se dit que putain, on va en avoir pour notre fric : Bryan Cranston, Juliette Binoche avec du Ligeti en fond sonore. Je m'attendais à un film qui allait renvoyer à la niche le Godzilla de Roland Emmerich, du grand spectacle, un Kaijû dans toute sa splendeur, démolissant des villes d'un revers de queue.
Ben, non.
On sent que ça va commencer à partir en sucette quand le personnage de la mère, incarnée par Juliette Binoche, clamse après une bonne dizaine de minute. L'une des têtes d'affiche prend la porte. Soit.
Une ellipse plus tard, on retrouve le personnage du père totalement ravagé, obsédé par les événements qui ont conduit à la mort de son épouse. Tout le monde le prend pour un cinglé et, en conséquence, ignore ses élucubrations, y compris son fils. Après une suite de péripéties impliquant un œuf géant, un monologue qui a de la gueule, un monstre insectoïde géant entre en scène. Et c'est à ce moment précis que ça dérape.
Il me semblait pourtant être entré dans la bonne salle, Godzilla n'est-il pas censé être un monstre reptilien ? À peine ai-je le temps de me remettre de ma surprise que Bryan Cranston canne à son tour. Donc, tout compte fait le film est avec Bryan Cranston MAIS en rôle secondaire. Quand dans la bande-annonce on met un personnage en avant, généralement, c'est parce qu'il est le héros, logiquement, non ? Fuck la logique, on va vendre notre film sur le seul nom d'un acteur connu.
Le film se poursuit dans une avalanche d'incohérences : des militaires décident de buter des insectes se nourrissant et se reproduisant grâce à l'énergie atomique grâce...à une bombe atomique. Applaudissements. Et en plus, ces idiots semblaient ne pas avoir prévu que les bestioles pourraient attaquer le convoi transportant la bombe avant que celle-ci n'arrive à bon port.
Et Godzilla dans cette histoire ? Il rapplique après une bonne grosse heure de film pour attaquer les insectes qui sont en fait des parasites pour lui. Le film enchaîne les scènes sans grande saveur et aboutit à un combat final entre un couple d'insectes géants et Godzilla durant lequel se dernier voit les plaques de son dos briller comme des tubes néons avant de vomir des flammes bleues. À ce point là, je l'avoue, j'ai hurlé de rire tant c'était grotesque et inattendu. Une fois les bébêtes cuites, le monstre s'accorde une petite sieste puis se barre nonchalamment vers son océan sous les cris de joies de la plèbe. Il serait peut-être bon de rappeler que Godzilla ne s'est pas déplacé jusqu'à San Francisco pour sauver les miches des ricains', mais son propre derrière écailleux, donc les acclamations reconnaissantes, ils peuvent se les garder.
Voilà. Un film fade, à la limite du malhonnête dans la façon dont il s'est vendu puisque ceux qui étaient censé occuper le devant de la scène ont été plutôt anecdotiques au final (humains, comme monstres). Les personnages, à l'exception du père torturé, sont des coquilles vides, profonds comme des éviers et la morale anti-atomique très superficiellement traitée.
Mais bon, parce que je suis charitable je lui accorde un point supplémentaire pour ses effets spéciaux pas dégueulasses.
Raphaël_Menu
2
Écrit par

Créée

le 24 août 2014

Critique lue 332 fois

2 j'aime

Raphaël_Menu

Écrit par

Critique lue 332 fois

2

D'autres avis sur Godzilla

Godzilla
Saint-John
3

Monstres & Cie

J'ai jamais pu encadrer les monstres. Vraiment pas mon truc. Ça sert vraiment à rien un monstre quand on y pense, juste à vous foutre un chambard pas possible et à déféquer dans tous les coins de...

le 20 juin 2014

88 j'aime

29

Godzilla
zombiraptor
6

Le Géant de Terre

Le nom de Godzilla a depuis bien longtemps dépassé sa simple origine. Il est entré par les déflagrations de vigueur dans la culture populaire et s'est imposé en symbole de destruction apocalyptique,...

le 22 juil. 2014

85 j'aime

26

Godzilla
Sergent_Pepper
5

Batailles, FAMILLE, batteries.

Une fois n’est pas coutume, commençons sans ironie aucune par ce qui est sauvable dans ce film que je suis allé voir à cause de Stéphane Bou, qui dans un épisode récent de « Pendant les travaux, le...

le 4 juin 2014

67 j'aime

7

Du même critique

Nos étoiles contraires
Raphaël_Menu
5

Foutues étoiles

Je n’attendais pas grand’ chose de ce film, à vrai dire, à part de le détester. Nan mais sans rire, deux ados cancéreux qui tombent amoureux, ça sent le tire larme à plein nez, non ? Eh bien,...

le 12 sept. 2014

2 j'aime

Godzilla
Raphaël_Menu
2

Y'a comme un lézard...

Le fait est assez rare pour être noté : une fois la séance terminée, j'ai eu l'impression de m'être fait arnaquer. Quand on voit la bande-annonce, on se dit que putain, on va en avoir pour notre fric...

le 24 août 2014

2 j'aime

Captain America - First Avenger
Raphaël_Menu
4

Le catalogue des clichés

Franchement, c'est époustouflant. Je ne pensais pas qu'il était possible d'atteindre ce niveau de kitsch dans un tel film, ça défie l'imagination. Je passerai sur le chauvinisme inhérent au...

le 3 oct. 2015

1 j'aime