Godzilla : La Planète des monstres
5.3
Godzilla : La Planète des monstres

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Seshita et Kobun Shizuno (2017)

Confrontée aux kaijus et au plus puissant d'entre eux, Godzilla, l'humanité n'eut d'autre choix que de s'exiler dans l'espace, à la recherche d'une nouvelle planète habitable. Constatant l'échec de leur exode, les survivants décident de retourner sur Terre.


Vous vous souvenez, en 2016, quand Godzilla était redevenu cool ? Ne vous inquiétez pas, vous pouvez compter sur la Toho pour repartir dans ses pires travers.


Premier volet d'une trilogie en images de synthèse, Godzilla: Monster Planet raconte comment les quelques habitants dépressifs de Sidonia décident de revenir sur Terre, pour affronter un kaiju surpuissant que toutes les nations du monde et deux peuples extra-terrestres bardés de technologie (inefficace) n'ont pas réussi à abattre lorsqu'ils se trouvaient au sommet de leur puissance. Mais pas de souci car le capitaine machin, bac -10, a trouvé la faiblesse du monstre.


Alors, je vais être honnête, j'y ai cru pendant au moins 5 minutes. Grâce à une analepse qui embrasse l'héritage de Godzilla comme aucun avatar de la franchise auparavant. Il faut dire que, depuis la première remise à zéro de cet univers pour les 30 ans du Godzilla matriciel, le studio a eu tendance à considérer que seul ce-dernier était canon, et que ce qui avait été produit après n'avait jamais existé (en particulier toutes les kitscheries des années 60/70). Donc voir un nouvel opus assumer, même le temps d'une courte séquence, cela fait plaisir. D'autant que celle-ci propose dores et déjà quelques pistes intéressantes. Et puis j'étais réellement curieux de découvrir la nouvelle Terre sur laquelle les personnages allaient atterrir. Monde dévasté ? Paradis pour kaiju façon Kong Island ou Les Envahisseurs attaquent ?


Malheureusement le retour à la réalité s'avéra brutal. Plusieurs raisons à cela : un Godzilla finalement peu présent là où l'animation devrait permettre de le voir bien plus que dans une production devant recourir aux effets spéciaux (nous le voyons à peu près autant que dans la version ultra-frustrante de Gareth Edwards), un final trop long se focalisant sur l'action, et surtout des problèmes d'écriture.


Des problèmes d'écriture plus ou moins conscients. L'histoire doit pouvoir couvrir trois films, ce qui rend le final de celui-ci prévisible, et surtout implique que les auteurs doivent en garder sous le coude pour les prochains opus. Concrètement, cela signifie que les protagonistes vont soigneusement éviter de se poser énormément de questions pourtant évidentes ; ce qui ne s'explique que pour les besoins du scénario des deux autres long-métrages, ou par l'extrême bêtise de personnages qui n'en sortent de fait pas grandis. Mais les scénaristes préfèrent ne pas aborder de sujets auxquels ils ne veulent pas donner de réponses dans l'immédiat. Sujets dont nous pouvons par conséquent nous douter qu'ils constitueront la base des parties suivantes.
Toujours pour les besoins de la trilogie, plusieurs éléments sont posés, parfois précipitamment, mais absolument pas exploités. Là encore, cela signifie que Godzilla: Monster Planet ne se suffit pas à lui-même.


Là, nous étions sur les aspects du scénario qui ont volontairement été occultés ou mal exploités par les auteurs. Par contre, je ne crois pas que l'absence totale de développement des personnages soit autre chose qu'une erreur. Le héros est un extrémiste tantôt génial tantôt complètement butor, et dont les excès le rendent impossible à apprécier. Les autres protagonistes se limitent à leur nom et leur visage et ne possèdent aucune personnalité propre, pire certains semblent gagner une importance dans le récit d'une scène à l'autre juste parce que les auteurs ont besoin à cet instant de quelqu'un pour accomplir telle ou telle action. Ils ne sont pas aidés par des dialogues frisant le ridicule (voire le dépassant allégrement) mais prononcés avec un premier degré qui laisse pantois.


C'est dommage car ce long-métrage possède de nombreuses bonnes idées (comme la présence de plusieurs races aliens). Mais il reste impossible à ce stade de déterminer lesquelles auront une véritable importance par la suite, et lesquelles ont été jetées là un peu par hasard. Godzilla: Monster Planet ne fonctionne pas en tant que film car il a été pensé uniquement en tant qu'épisode d'une série à suivre, et ce n'est qu'à l'aune de l'intégralité de celle-ci que nous pourrons déterminer s'il s'agissait d'une œuvre honnête - elle ne pourra de toute façon pas être réussie compte-tenu de l'écriture de ses personnages et de ses dialogues - ou d'une grosse foirade.
Prise indépendamment, c'est une grosse foirade.

Ninesisters
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le 19 janv. 2018

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Ninesisters

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