Introduction


Excellente préquelle du Godzilla original de 1954. Se passant dans le contexte d'après-guerre japonais (1945-47), on suit les déboires de Koïchi (un ex-kamikaze) face à ce monstre sacré qu'est Godzilla, rencontré sur l'île de Odo à la fin de la guerre.


Après avoir refusé de faire kamikaze et fait défaut à des mécaniciens en ne tirant pas sur le dieu lézard, ces derniers se font écrabouiller. Koïchi s'en veut et le seul mécano survivant lui en veut aussi. Il rentre au pays quand ce dernier est dévasté par les bombes américaines et son entourage survivant lui en veut de ne pas avoir rempli son "devoir".


Il doit en plus recueillir Noriko et Akiko, une fille et un bébé adopté par elle, également rescapés des bombes. Pour subvenir à leurs besoins, Koïchi s'engage comme marin démineur sur un navire en bois avec un vétéran (Yoji je crois), Tadayuki dit "Petit" et le docteur Kenji Noda.


Chargés de désamorcer des mines marines et magnétiques, ils tombent malheureusement à nouveau sur Godzilla et apprennent que ce dernier menace Tokyo et leurs familles ...

Sur ce résumé, commençons par les défauts, certains habituels à un film de cette franchise.


Les Malus Minus : Jawsilla, les Dents de la Mer du Japon


Alors, pour ce qui est de la forme de Godzilla : au début en 1945 c'est pas très convaincant et ça paraît même assez mal fichu en 3D. Godzilla ressemble à un dinosaure assez classique de chez Jurassic Park et son animation est pas terrible bien qu'il mange des mécaniciens de façon assez brutale et carnassière (et il est dit qu'il n'est pas encore à son stade final).


De surcroit, la nouvelle rencontre en 1946 fait un peu trop penser à Jaws, les Dents de la Mer.

Étant donné en plus que la majorité des confrontations avec le monstre se fait dans l'océan (en même temps, logique : c'est de là qu'il vient et revient dans le film de 1954).


Bien sûr, et comme beaucoup de films Godzilla, le déroulement c'est 75 % de drama humain et 25 % de temps d'apparitions du monstre seulement. Pas que je sois contre faire de la métaphore dans un film de kaiju, mais c'est qu'on aimerait voir un peu plus souvent de kaiju dans un film de kaiju :/


Et autant j'aime bien la forme de Zilla respectueuse du premier film de '54, autant c'est un peu bizarre de ne pas le voir cligner des yeux (à la base, c'était par manque de budget costumes, mais là on est en 3D et ça fait bizarre par moments). Mais bon c'est du pinaillage.


J'ai pas vraiment de grosses critiques en fait, sauf peut-être pour la logique du plan final de 1947 contre le grand écailleux et certains tropes habituels :

Le docteur Kenji Noda veut noyer Godzilla et le faire se détruire par ultra compression et décompression. Je sais que c'est une référence au destructeur d'oxygène de '54 mais dans le cas de Minus One, ça paraît moins efficace d'avance que de faire exploser une bombe dans la bouche de Zilla comme en 1946 et à la fin. Après, je trouve ça juste un peu forcé que la copine du héros survive à un souffle atomique ou que des reporters bravent le danger pour filmer le grand écailleux d'aussi près mais bon, c'est pas insupportable non plus.


Bref, des défauts très minimes en fait. Minus One essaye d'être dans la continuité du film original alors on ne peut trop lui en vouloir non plus.

Sur ce, passons aux bons côtés.


Bons Points : Un Monstre loin d'être Minuscule en fait


Il faut quand même avouer : Godzilla en 1946 et 1947 fait peur à voir surtout quand il utilise son pouvoir nucléaire et sa force brute. Surtout que dans l'eau, il fait en réalité bien plus peur qu'un Jaws ou même qu'un de ces monstres marins de Zelda Wind Maker. Voir une grosse silhouette sortir de l'eau pour te dévorer est toujours aussi effrayant. Et sur la terre ferme, on dirait franchement un démon venu tourmenter les peuples dans les flammes et la destruction.


Surtout que le film fait bien ressentir tout le drame et la détresse du peuple japonais qui sort tout juste d'une guerre et d'une défaite obtenue par l'arme atomique, et qui doit maintenant faire à un monstre gigantesque, affreux et capable lui aussi de détruire des immeubles à mains nues et de provoquer une autre explosion atomique à loisir rien que par la bouche.


Et c'est cette dernière arme du monstre géant qui va plonger le figurant comme le spectateur dans l'angoisse, le fait de pouvoir être annihilé par cette chose monstrueuse en même temps que 30000 personnes d'un seul coup et le temps d'un claquement de doigts comme lors de la destruction de Ginza.


Pour le reste, comme le héros est à la base un kamikaze qui a refusé de se sacrifier pour son pays mais que ça a eu pour conséquences la mort d'innocents mécaniciens, le film est aussi un appel à se sacrifier pour son entourage mais pas inutilement pour autant :


Koïchi s'en voulait pour avoir laissé mourir les mécaniciens, et il croyait que Noriko était morte car il n'avait pas réussi à la sauver. On lui reprochait même de n'avoir pas fait son "devoir" de kamikaze pour défendre sa patrie et son peuple au début du film. Il souhaite alors se faire sauter en se jetant dans la gueule de Godzilla par avion avec une bombe. Mais tout le monde, finit par l'inciter à faire ça MAIS en utilisant son siège éjectable pour ainsi survivre et aidé sa nouvelle famille avec Noriko et Akiko - ce par sentimentalisme mais aussi pragmatisme : si son projet avait échoué, il se serait tué pour rien et sa fille adoptive serait à nouveau orpheline.


D'ailleurs, le docteur Keji Noda fait une critique du système japonais pendant la guerre, ce sans être contesté par les survivants et vétérans : il reproche à l'impérialisme japonais de donner à ses combattants "des tanks sans blindage suffisant, une mauvaise chaîne de distribution faisant mourir les civils de faim et de maladies, et des avions sans siège éjectable". Il dénonce donc une idéologie mortifère sacrifiant ses enfants inutilement au prétexte de la défense de la Nation.


Bien entendu, nos héros arrive à vaincre Godzilla, symbolisant ainsi un peuple arrivant à se reconstruire et combattre l'adversité tout en renonçant à une forme de suicide après l'anéantissement nucléaire si traumatisant pour le Japon. Mais Minus One étant une préquelle, on en est qu'au début de tout cela ...


Après avoir été réduit en morceaux, on s'aperçoit que les restes de Godzilla se mettent à repousser dans l'eau et on entend les rugissements dans le générique de fin.

Conclusion


Godzilla Minus One est digne de la franchise et mériterait d'être diffusé en France pas que du 17 au 31 janvier. Je trouve que le film ne devrait s'adresser qu'à une niche et qu'il mérite plus de chances car il est symboliquement fort et pas qu'un banal divertissement tout en étant effectivement sur le fond et la forme mieux qu'un Godzilla à l'américaine (sans pour autant être exempts de défauts inhérents à certains films japonais de la même saga).


Pour autant, le gigantisme et la détresse humaine passaient mieux dans cet épisode que dans les derniers blockbusters ricains à mes yeux. Et en plus, le symbole du film désigne bien un renouveau et un retour aux sources, une actualisation tout en étant fidèle à l'esprit d'origine. Le compte à rebours contre la Bête est relancé et cela donne envie de revoir les aventures et combats contre (ou avec) Gojira !

darevenin
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le 20 janv. 2024

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darevenin

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