Même décapité, il arrive que les poulets continuent de courir (à moins que ça ne soit une légende urbaine, je fréquente peu de poulets vivants pour être franc). Le western, c'est un peu pareil. Il bouge encore, mais il est bel et bien mort. Et Gold en est une nouvelle illustration.

En gros, depuis trente ans, le spectateur a le choix entre deux sortes de westerns.
Les bourrins à coups de gunfigths hystériques pour décérébrés complets (3h10 pour Yuma, Mort ou vif pour citer les moins pourraves), dont l'acmé fut les années 90.
Les intellos d'une lenteur accablante, tristes à mourir, pour dépressifs chroniques. Là on est en plein dans l'acmé pour la peine, Gold en étant le dernier exemple en date.

Le film est loin d'être nul, mais qu'est-ce que c'est sinistre. Je ne sais où les gens ont vu que le western était un genre over sérieux.
Youhou, Ford, Hawks, les deux maîtres du genre, sont des génies comiques ! Alors oui, ça ne rigole pas le Far West, y'a tout plein de gens qui meurent, et oui c'est triste les gens qui meurent, mais John et Howard n'en rajoutaient pas, bien au contraire.

Gold est la caricature du western mutique, radin sur les dialogues, musique à se cogner la tête contre les murs, du tragique derrière chaque rondin. Certes le western des années 50 édulcorait l'aspect pénible et éprouvant de l'Ouest américain, mais si on veut du super réalisme, on mate un docu chiant sur une télé à la con, genre canal 42.
Je préfère voir John Wayne foutre des torgnoles en buvant du whisky, qu'un Teuton en train de se faire scier la jambe pendant dix minutes. Ça doit être mon côté badin.

Il faut tout de même reconnaître qu'un western allemand en 2013, c'est touchant, limite panache. Le type qui réalise doit être fan de westerns je suppose. Il se lance dans un projet pas simple a priori. Rien que pour ça, je dis merci.

Le seul hic, c'est que ça m'oblige à loucher du côté du western choucroute qui a connu son apogée dans les années 60. C'est malin. Et franchement je ne suis pas confiant. Je ne peux m'empêcher d'imaginer Fassbinder ou Derrick en Stetson, le stress.
Pruneau
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le 27 juil. 2013

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