The Gore Gore Girls est le dernier film de la première partie de la carrière de Hershell Gordon Lewis surnommé le parrain du gore pour ses films Blood Feast (1963) et 2000 Maniacs (1964). Après The Gore Gore Girls qui sort en 1972 le réalisateur va attendre trente ans avant de faire un nouveau film avec Blood Feast 2 AllU Can Eat en 2002, ce long métrage représente donc bel et bien la fin d'une époque pour son créateur. Il faut aussi noter que The Gore Gore Girls, malgré un ton de comédie, est peut être le film le plus trash de son réalisateur qui se retrouvera pour la première fois classifié X par la censure. Très noire, pince sans rire, provocatrice, parfois limite parodique, peut être pas toujours pleinement volontaire, The Gore Gore Girls est en tout cas une véritable comédie horrifique.


L'histoire de The Gore Gore Girls est simplissime puisque l'on va suivre un détective privé engagé par une journaliste en quête de scoop pour découvrir l'identité d'un meurtrier qui s'attaque violemment à des strip-teaseuses.


Une enquête, des nichons, des meurtres, du second degré et du gore voici donc les saintes mamelles nourricières de The Gore Gore Girls. Avant d'évoquer l'aspect gore bien gratiné du film il faut reconnaître que The gore Gore Girls est une comédie assez amusante même si le jeu assez calamiteux des interprètes renforce grandement les choses. De toute évidence Hershell Gordon Lewis et son scénariste Alan J Dachman s'amusent beaucoup à décrire des personnages et des situations qu'ils ne prennent jamais tout à fait au sérieux. Le détective Abraham Gentry est une sorte de caricature de dandy un peu macho, toujours tiré à quatre épingle et qui joue de la canne, de son charme et de sa répartie pour séduire la gent féminine et avancer dans son enquête entre bons mots et réparties cinglantes. Sur sa route il croisera un inspecteur fort en gueule et fort stupide, des strip-teaseuses interprétées par des filles qui ne savent pas plus danser sensuellement que jouer la comédie, des féministes énervées et un bond gros lourd revenu traumatisé du Vietnam qui je s’appelle Grout et qui passe son temps à écrabouiller des légumes après avoir dessiner au feutre comme un gosse de cinq ans des visages à la candide naïveté dessus. Les numéros de strip-tease affreusement répétitifs nous offre une jolie galerie de danses approximatives sur des musique de défilé de majorette et de foire à la saucisse. Parmi les comédiennes je retiendrais surtout l'unique rôle de Nora Alexis qui incarne Lola Prize une jeune fille dont les battements frénétiques de faux cils vous dispense d'un ventilateur et dont les délicieuses moues boudeuses ponctuent à merveille le jeu inexpressif de l'actrice. Éconduite par gentleman Gentry auquel elle faisait du rentre dedans, la pauvre ira se consoler en allant chercher une courgette dans son réfrigérateur j’imagine pour se remettre du baume au cœur en préparant un bon gratin. Hormis Henry Yougman vu dans quelques Mel Brooks et dans son propre rôle dans quelques films comme Les affranchis de Scorsese, l'ensemble du casting est constitué par des acteurs et actrices très amateurs qui ne feront souvent que ce seul et unique film, même Frank Kress pourtant convaincant dans le rôle du héros Aba Gentry ne fera jamais carrière au cinéma. L'aspect très amateur de l'ensemble, l'histoire minimaliste, l'emploi de musique assez décalés, l'évident second degrés de l'intrigue tout concorde à faire de ce The Gore Gore Girls une plaisante comédie dans laquelle on brise régulièrement le quatrième mur et l'on s'amuse ouvertement des codes du film de détective.


Mais The Gore Gore Girls est aussi un vrai film d'horreur qui s'attache à montrer avec une certaine complaisance des actes de violence bien crapoteuse même si à l'image du film, ils sont souvent tempérés par une bonne touche d'humour noir. On reste clairement dans des effets spéciaux très artisanaux et factices mais Hershell Gordon Lewis y va à fond dans le gore à l'image de cette séquence qui montre le tueur trifouiller longuement la tête réduite en charpie d'une de ses victimes avec des sons d'os qui craquent et des bruitages dégoûtants de chairs flasques et humides qui font pfuittt pfuittt. On le verra aussi s'acharner de manière vicieuse à la fourchette sur un globe oculaire. Si les meurtres ne sont finalement pas si nombreux ils marquent tout de même les esprits par leur violence et leur diversité avec lifting forcé au fer à repasser, écrasement de tête contre un miroir, tête plongée dans une bassine d'huile bouillante, égorgement, tête écrasée sous les roues d'une voiture et même un meurtre par fessée au marteau à attendrir la viande transformant le popotin de l'actrice Nora Alexis en steak tartare que le tueur n'oubliera pas de saler et poivrer avant de partir. On comprend en tout cas que la censure de l'époque ai classifié le film X pour sa crapoteuse violence graphique.


The Gore Gore girls est un petit film vraiment très sympathique et amusant à regarder, l'humour très noir et décalé ainsi que les maladresses d'un cinéma joyeusement fauché viennent merveilleusement contrebalancé une violence graphique ouvertement provocatrice.

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le 8 sept. 2023

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Freddy K

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