Voici un court métrage qui choisit la comédie pour aborder de questions importantes : celles des relations amoureuses dans les « cités », et notamment l’homosexualité. On retrouve des thématiques qu’on avait par exemple dans Guy Moquet, qui était toutefois plus poétique, dans Ce n’est pas un film de cow-boy qui abordait le tabou de l’homosexualité via Brokeback Mountain, ou dans L’Esquive de Kéchiche où on a comme ici, un travail sur la langue.


Dans ces quartiers, il est parfois difficile pour une fille d’être vue avec un garçon, les frères peuvent ne pas être loin et ne pas apprécier. Les rumeurs vont bon train, et ce n’est pas les nouvelles technologies et les réseaux sociaux qui arrangent les choses. Un snap et tout peut être fini, la réputation entachée. Surtout s’il est question d’homosexualité, ça, c’est pas possible, il faut alors trouver des solutions pour faire croire qu’on est du bon côté…


Les personnages sont plus vrais que nature, je le sais car j’habite dans un de ces quartiers. Le film a été tourné à Grigny, et l’écriture des textes s’est appuyée sur le langage de ces jeunes. Le résultat est excellent. Ceux qui ne connaissent pas ces jeunes et n’ont pas un peu d’ouverture d’esprit n’apprécieront pas ce qu’ils entendront, mais il faut voir que la langue de ces jeunes, éloignée sans doute du français classique, est une langue vivante et inventive, qui produit parfois de belles expressions. Cette France existe et si ces jeunes ne parlent pas exactement comme certains le voudraient, si ce langage différent peut les amener à rencontrer des difficultés au moment de trouver un emploi, il n’empêche que ce sont des jeunes Français d’aujourd’hui, qu’il faut les intégrer et les accepter même si ne parlent pas comme ceux qui baignent dans la culture dominante.


Les jeunes du film sont touchants, par leur maladresse, par leur ingéniosité pour tenter de s’en sortir, par leur humour, par leurs yeux qui brillent. Ces jeunes il faut les comprendre et les accepter tels qu’ils sont. Le film leur rend hommage, car être jeune aujourd’hui, de façon générale, n’est pas évident, mais être jeune dans ce type de quartier est encore moins simple. Merci à Emma Benestan qui leur rend joliment hommage dans ce film, en abordant des questions de fond avec une grande sensibilité.

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le 13 févr. 2019

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socrate

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