Grace
5.2
Grace

Film de Paul Solet (2009)

Quand les vampires rencontrent les zombies, au rayon biberons du supermarché

Pour commencer, il est intéressant de savoir que Paul Solet a écrit le scénario de Grace suite à une révélation que sa mère lui a faite concernant sa naissance : Paul avait un frère jumeau, qui est mort né. Il a expliqué à la présentation de son film en avant-première que cette information l'a fait réfléchir, longtemps après sa révélation. Tellement réfléchir qu'il a décidé d'en faire un film, avec une histoire de bébé mort-né comme point de départ. Mais seulement comme point de départ ; le reste étant totalement inventé (en tous cas, vaut mieux).

Alors il faut savoir que Madeline est baba cool. Elle consomme local et végétarien, fait du vélo au lieu de prendre sa voiture (et la fois où elle la prend, elle ferait mieux d'être en vélo), mange des biscuits bio fait maison chez son accoucheuse un peu étrange (lesbienne en plus, donc définitivement étrange) – sûrement une adepte de secte. C'est vrai que pour faire croire à son histoire abracadabresque sur le papier, le réalisateur n'a pas beaucoup d'autre choix que de passer par là. Si l'on veut que la grossesse hors-normes de Madeline soit crédible, il faut l'inscrire dans un contexte extraordinaire. Paul a donc choisi la voie de la hype : les femmes qui ne veulent pas accoucher dans un contexte hospitalier, et préfèrent la douceur de la naissance aquatique, entourées de bougies et d'encens aux vertus relaxantes. Soit. Du coup, c'est un peu poussif et beaucoup cliché, question écolo-baba-cool. Mais je ne me suis pas arrêtée à ça, j'avais envie de rentrer dans ce film.

** Spoil partiel dans ce paragraphe, mais il est plutôt inévitable **
L'enfant, baptisé Grace – pour rendre hommage au miracle de sa (re)naissance – se révèle vite être très étrange. Elle refuse de manger, sent bizarre, et pleure tout le temps. De faim, évidemment. Le jour où sa mère découvre qu'elle a plus d'appétit pour le sang humain que pour le lait maternel, son instinct de femelle lui commandera de combler la moindre faim de sa chérubine. Et de lui donner ses biberons aussi régulièrement qu'à un enfant normal en pleine croissance.

Je me rends compte qu'en racontant l'histoire comme ça, le film a l'air totalement improbable et grotesque, et c'est vrai que mes voisins de fauteuil avaient prononcé ces adjectifs au sortir de la séance. Je pense qu'objectivement, c'est en ces termes (au moins partiellement) qu'on peut qualifier Grace.
Mais moi – je suis sûrement bon public, au fond – j'ai dépassé ça et j'ai réussi à rentrer dans l'histoire, malgré ses défauts. Bien sûr que bon nombre de rebondissements sont plus improbables les uns que les autres, que la fin est totalement cliché. Je ne peux pas dire en toute bonne conscience que Grace est un film crédible, mais il m'a fait passer un bon moment. Le sujet est original. Pour un jeune réalisateur, c'est un premier film honnête.

Je ne le recommande pas à tout le monde, mais des adeptes de films de genre y trouveront de l'intérêt.
Spark
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le 24 juin 2010

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