Autre époque, autre mœurs. Aujourd'hui, la graine de violence dont fait état Richard Brooks en 1955 apparait infiniment moins problématique que dans nos sociétés contemporaines. Pour autant, son film est un drame social pertinent même pour les années 50.
Le cinéaste explique, s'il est besoin, qu'il y a parmi la belle jeunesse américaine -illustrée par ce plan un peu bête et convenu montrant des centaines de jeunes américains bien propres sur eux entonnant un hymne patriotique- qu'il y a des groupes marginaux et cosmopolites d'adolescents délinquants. Confiant dans les valeurs républicaines des Etats-Unis, ainsi qu'en témoigne le dénouement allégorique, le réalisateur raconte le travail complexe d'un enseignant dans un collège d'élèves difficiles. Son abnégation et son empathie, malgré le découragement et quelques réflexes d'hostilité, sa vocation véritable lui permettent de renouer le contact avec sa classe de gosses de la rue, de vilains canards. Dans ce collège soumis à la violence et au racisme, le personnage de Glenn Ford est le modèle à suivre parmi des professeurs démissionnaires ou cyniques.
Au-delà de ce message humaniste mais peu critique à l'endroit de la société américaine, le film a surtout le mérite de dire combien est difficile parfois le métier d'enseignant. C'est un film qui en appelle autant au devoir des adultes qu'au sens civique des jeunes. En cela, il est très moral.