J'ai tendance à regretter un peu trop souvent les classiques, et plus souvent encore pour leur côté détente / popcorn que parce que ces vieux films d'horreur me font cogner les genoux.
La plupart du temps, le décalage créé dans les années 80 (ou avant) par une violence ultra caricaturale et volontairement grotesque en faisait un vecteur de grosse déconnade, subversive et/ou border line, élitiste ou simplement de mauvais goût, (Cannibal Holocaust) voir plus rarement un bon et savant mélange de tout cela.
Mais cela assurait également un bon moyen de véhiculer quelques bon coups de gueules, bien ciblés au milieu du front d'un Cinéma un peu guindé et consensuel; aidé en cela par une jeunesse (je me vise là-dedans) un brin réac', accro aux VHS et suffisamment permissive pour prendre le recul nécessaire à l'appréciation de ce genre de Cinéma.
Je vous avoue donc humblement mes penchants inavouables pour des films comme Freddy, Bad Taste, Evil Dead, Chucky, The Blob ou encore Vendredi 13; parce qu'ils me font encore marrer et hocher la tête aujourd'hui.
Si je vous raconte ça, c'est précisément parce que j'ai rencontré un peu tout ces éléments dans Grave Encounters.
Une trame minimaliste, des personnages relativement grossiers dans leur écriture, un niveau de dialogue franchement bas, mais un rythme excellent et une bonne mise en scène, servie par quelques fulgurances de second degré très rafraîchissantes.
On trouve en particulier dans ce film quelques estocades bien placées contre la télé-réalité ou le florilège d'émissions décérébrantes qui sévissent sur notre petit écran, parallèlement à quelques touches d'humour plutôt fines cachées entre ces dialogues de type "fond sonore".
Donc en dehors de la dénonciation de ce pseudo journalisme adepte de voyeurisme et de connerie ravageuse, on retrouve aussi la critique amère d'une société victime de son penchant pour les orgies d'images ou de vidéo, prête à tout pour faire un buzz.
Elle m'apparaît comme la première victime de technologies multimédia omniprésentes, qui vous poussent à filmer tout et n'importe quoi dans l'espoir d'accéder à une gloire aussi éphémère que consternante; à l'instar de ce qui circule sur Youtube, des Vines ou des jeux débiles de Facebook.
Cette approche m'a frappé avec l'obsession des personnages pour tout documenter, qui passe en premier plan comme une excuse servant à justifier le found footage, mais qui prend tout son sens quand on cherche à interpréter les insistances du scénario.
Enfin, l'amateur de film de genre retrouvera surtout ce qui constitue l'artillerie lourde de ses films préférés: jump scares bien placés, ambiance lourde, montée progressive de la tension et twist final bien senti.
Le pied, quoi.
Notez en plus que les réalisateurs s'en sortent carrément bien avec le style du found footage, mis en place de manière simple mais efficace dans les premières minutes, puis s'imposant une grande sobriété dans les effets spéciaux, qu'ils soient visuels ou sonores.
La photographie est toujours juste, les plans de caméras rigoureux et efficaces. On cherche vraiment à donner un cachet à la photographie, non à cacher la misère.
C'est ce dernier point qui m'a particulièrement plu: on sent un véritable exercice de style, et ça, ça m'botte.
Dans le détail, seuls des bruitages bien flippants viennent enrichir l'espace sonore pour vous faire vous tasser dans votre siège, et quelques visages déformés viennent heurter le spectateur ponctuellement pour le mener vers le final avec quelques ongles en moins.
Bref, je n'en demandais pas tant. D'un potentiel bon divertissement, je suis tombé sur une vraie bonne surprise qui m'a fait repenser au bon vieux temps, et qui sait me prouver qu'encore aujourd'hui on fait des trucs chouette.
Bref bref, à regarder aussi bien pour son ambiance que pour son second degré, bien caustique et croustillant à souhait.