Fuck you Richard Branson, j'ai déjà vu l'espace.

A ce jour, il y a 775 critiques disponibles sur le site à propos du blockbuster de cette fin d'année... Je n'aurai donc pas la prétention d'affirmer que la mienne apportera quelque chose en plus aux multiples commentaires plus où moins élogieux de la part des chers contributeurs et contributrices de ce site.
Cependant, j'aimerais tout de même partager mon ressenti vis-à-vis de ce film, qui s'apparente bien plus d'ailleurs à une expérience qui puise sa force dans le cocon intemporel d'une salle de cinéma.

C'est un film qui se vit, on admire tout autant les prouesses techniques que la virtuosité de Cuaron qui ne se trompe jamais d'angle, maîtrise avec une aisance insolence la profondeur et les différents plans qui viendront composer devant nos yeux, tel un balai spatial réglé au millimètre.
A vrai dire, je ne vois même pas l'intérêt de parler de scénario... Il est pourtant bien présent et convainc, on souffre avec Sandra Bullock, on ressent à chaque moment sa détresse dans cette immensité vertigineuse, où la beauté exceptionnelle de notre bonne vieille planète bleue importe peu au final tant cette infinité paralyse.
La scène d'ouverture est, à ce titre, magique. On se ficherait presque des histoires de Clooney encore une fois impeccable dans ce rôle, les yeux restent rivés vers cette toile de fond follement attractive, parfaitement mis en valeur par tous ces petits éléments au premier plan venant donner encore plus de profondeur à l'immensité spatiale.
Etant un fervent détracteur de l'utilisation de la 3D, que je trouve souvent totalement gadget, je dois bien admettre qu'elle est extrêmement bien utilisée cette fois-ci. En même temps, avec un tel sujet, cela aurait bien dommage de constater l'inverse... C'est pas non plus fou, mais j'ai au moins le sentiment qu'elle a une réelle légitimité, ce qui n'a pas le cas dans 90 % des films utilisant cette technique qui était soi-disant censée révolutionner le cinéma il y a des années maintenant... Lol.

J'ai tout de même eu un problème avec la fin, et non pas avec la séquence finale à l'image du film : visuellement impressionnante avec notamment 2-3 plans tout bonnement somptueux.
J'ai du mal à saisir où Cuaron a voulu en venir, je trouve que ça aurait peut être été plus judicieux de laisser une part de mystère au destin de Sandra Bullock, une sorte de fin ouverte dont l'issue pourtant ne fait, en apparence, pas l'ombre d'un doute mais qui conserve, malgré tout, un petit fragment de zone d'ombre qui prolongerait encore un peu plus l'expérience en dehors de la salle.
C'est le seul léger reproche que je pourrais faire, avec également la scène assez particulière dans la capsule de survie avec le Dr Ryan, se justifiant pourtant aisément avec le recul.
On saisit bien toute l'ampleur du désespoir qui augmente autant que l'oxygène se faisant de plus en plus rare mais en direct, c'est plus un sentiment obscur voire d'incompréhension qui prend le pas sur l'empathie pourtant déjà acquis envers Sandra Bullock.

Mis à part cela, qui s'apparente plus à de légers détails venant en rien galvauder cette expérience captivante, je suis complètement satisfait d'avoir bien assisté à un film dégageant une réelle maîtrise, une réelle volonté de rendre hommage à la splendeur naturelle de la Terre, un enchantement durant 1h30 sans jamais ressentir un quelconque ennui, juste un ravissement visuel de chaque instant comme si finalement, on avait presque oublié où l'on vivait...