Que les lectrices se rassurent ! Le titre de cette critique ne fait pas référence aux personnages joués par Sandra Bullock et George Clooney dans Gravity. Je veux parler de la belle image et de la bête histoire.

Une fois de plus, un film gigantesque, exceptionnel sur le plan visuel (et le plus souvent, sonore) est lilliputien sur le plan scénaristique. Comme si l’un n’allait pas sans l’autre. En effet, cette discordance est nette pour Avatar, un film magnifique, aux images révolutionnaires mais affublé d’un scénario simpliste et déjà vu ; Pacific Rim, une « claque esthétique » comme ils disent sur Sens Critique, mais dont l’histoire bourrée de contradictions, tient sur un ticket de métro ; et maintenant Gravity, un film qui nous fait vivre des sensations étourdissantes, incroyables, inédites, mais dont la belle image doit cohabiter avec un scénario bébête et mélodramatique. Le contraste est d’autant plus frappant que ces trois réalisateurs ont déjà démontré qu’ils peuvent faire des films avec de belles images et une belle histoire (Terminator, Le Labyrinthe de Pan, Le fils de l’homme).

Est-ce une caractéristique intrinsèque des films de science-fiction ? Mais Gravity n’est pas un film de SF et depuis 2001 Odyssée de l’espace (45 ans déjà), nous savons que la SF peut être belle, sérieuse et donner à réfléchir.

Est-ce parce que les réalisateurs sont tellement accaparés par ces œuvres pharaoniques auxquelles ils doivent consacrer plusieurs années de travail qu’ils oublient de se préoccuper de la solidité de l’histoire qu’ils vont raconter ? C’est peu probable.

Est-ce parce que les producteurs, pour rentabiliser les sommes colossales investies, exigent que les films soient compréhensibles par des simples d’esprit afin t’attirer le public le plus large possible ? Ce n’est pas exclu mais il y a des contre-exemples.

Est-ce parce que les effets spéciaux coûtent tellement cher que les scénarios sont confiés à des inconnus sans talent mais bon marché ? Ce n’est pas exclu car le scénariste d’Avatar est Cameron lui-même, celui de Pacific Rim (Travis Beacham) n’a que Le choc des titans à son actif, et celui de Gravity est... Jonás Cuarón, le fils d’Alfonso.

Est-ce parce que ces films sont centrés sur la nature (Avatar avec sa forêt vierge, Pacific Rim avec ses monstres marins, Gravity avec l’espace et la mère Terre) que les hommes et les femmes sont un peu oubliés dans une volonté d’épure ? C’est possible mais ce serait dommage.

C’est en fait peut-être la technique elle-même qui est un handicap. En effet, peut-on écrire un scénario abouti en ne sachant pas exactement ce que les évolutions de la technique vont permettre quelques années plus tard ? En pratique, les scénaristes doivent écrire une histoire dont ils ne connaissent pas la fin... Nous sommes en pleine science-fiction !
Gritchh
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le 29 oct. 2013

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Gritchh

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