En lice pour les Oscars et favori dans plusieurs catégories, Green Book captive notre attention via son road-trip à travers les Etats-Unis des années 60, à la fois grave et drôle, et superbement campé par son tandem d'acteurs. Leçon de vie incroyable qui apprend à accepter l'autre dans sa différence dans un contexte de ségrégation, ce film s'avère bien plus subtil et complexe dans l'amitié naissante entre ces deux êtres que tout semble opposer. En effet, de leur couleur de peau jusqu'à leur rapport au monde, ces deux hommes n'ont apparement rien en commun. L'un est un pianiste talentueux, un brin prétentieux, avant-gardiste, cultivé et ayant des goûts de luxe : Mahershala Ali est très surprenant dans ce rôle, sensible et très loin de ce qu'on a pu voir de lui jusqu'à présent. Tandis que l'autre, lui, est bon-vivant, débrouillard, franc-du-collier, vivant l'instant présent à 100%, xénophobe aussi. Viggo Mortensen, dans ce rôle, est totalement transformé et bluffant de conviction tant il est méconnaissable. Dans cette voiture les menant de concert en concert, ces deux spécimens vont confronter leurs principes pour mieux s'apprivoiser. Cette curieuse cohabitation fait l'objet de joutes verbales succulentes, tantôt émouvantes, tantôt cocasses, mais toujours sincères.
Ce beau tableau semblerait presque fabriqué de toute pièce afin de véhiculer une belle morale de tolérance gratuite. Mais quand on sait que cette histoire est vraie et que le fils ainé de Vallelonga (le personnage de Mortensen) a co-écrit le scénario pour préserver une authenticité, Green Book touche en plein coeur ! Car ce récit de presque 60 ans fait écho à notre société actuelle, de la politique de Trump jusqu'aux immigrés en Europe. Ce regard en arrière requestionne nos aprioris, nos barrières, nos craintes et nos idées toutes faites. Les scènes où un homme ne peut manger dans un restaurant ou essayer un simple costume dans une boutique parce qu'il est noir font résonner efficacement les notions d'égalité et de droits en nous. Donc oui, Green Book est humaniste mais ne nie pas la terrifiante réalité qui est la nôtre. On ne peut que respecter le réalisateur de comédies faciles Peter Farrelly qui prouve ici son talent en signant son meilleur film.

alsacienparisien
8

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le 1 févr. 2019

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