"La Gourde et La Folle" par Neil Jordan

En la cité de Manhattan, vivait La Gourde, une jolie serveuse à la tête extrêmement large. Un jour, la jeune fille découvrit un sac à main abandonné dans sa ligne de métro. Plutôt que d'écouter les vils conseils de sa colocataire qui lui arguait de s'offrir un soin du sphincter au jus d'asperge avec la bourse du sac (véridique !), La Gourde décida de ramener le bagage à sa propriétaire. Ainsi, elle fit la connaissance de La Folle. Même si elles étaient de générations différentes, les deux femmes se mirent à tisser une relation de mère-fille de substitution en un coup de baguette magique. En effet, encore meurtrie par le décès de sa mère, La Gourde se trouva toute heureuse de lui dénicher une remplaçante, surtout que La Folle était elle-même en manque de sa propre fille. La Gourde et La Folle devinrent donc les meilleures amies du monde, aussi collées l'une à l'autre que du chewing-gum comme elles aimaient subtilement à le répéter.
Hélas, peu de temps après, La Gourde découvrit que La Folle était complètement folle et qu'elle-même était la reine des gourdes d'avoir accordé sa confiance à une parfaite inconnue. La Gourde mit donc rapidement un terme à leur relation mais La Folle ne voulut rien entendre et se mit à harceler continuellement son ancienne amie. Avec des têtes figées de parfaite hystérique ou en renversant des tables dans des scènes à mourir de rire, La Folle faisait de plus en plus peur à La Gourde et à son entourage. Mais, alors que La Gourde avait beaucoup d'occasions de rompre définitivement le contact, celle-ci renouait à chaque fois avec La Folle en allant l'espionner ou en discutant avec elle, si bien que La Folle se décida à employer des méthodes drastiques pour garder sa Gourde préférée auprès d'elle...

Moralité : On peut être un film réalisé par Neil Jordan, interprété par le duo prometteur Isabelle Huppert/Chloé Grace Moretz (sans oublier d'excellents seconds couteaux comme Maika Monroe ou Stephen Rea), avoir donc toutes les cartes en main pour livrer une histoire de relation féminine déviante un minimum honnête... et se planter prodigieusement !
Comment un tel projet s'est-il transformé en cours de route en un téléfilm horriblement gênant sur un stalking de seconde zone ? Comment Neil Jordan a-t-il pu livrer un produit d'une telle platitude que même TF1 et M6 hésiteraient à le diffuser dans la grille de leurs après-midis respectifs par peur de faire mourir d'ennui leur public de ménagères ? Qui a eu l'idée de laisser Isabelle Huppert en roue-libre dans une caricature de psycho-dingue juste bonne à nous rendre hilare ? Par quel miracle la tête de Chloé Grace Moretz s'élargit-elle horizontalement au fil des années ? Et, surtout, comment l'ensemble des participants à un tel bidule ont-ils pu croire une seule seconde qu'ils étaient en train de livrer quelque chose d'inédit ou d'au moins un tant soit peu bon ?
À ce stade de médiocrité intemporelle, on se fiche même d'avoir des réponses, on réclame seulement aussi une injonction d'éloignement contre "Greta" !