Au fil de son exploitation internationale, Greta Haus Ohne Männer ( Greta La Tortionnaire de Wrede) se retrouvera souvent rattaché à la trilogie des Ilsa du fait de la présence de la comédienne Dyanne Thorne dans le rôle principal, Avec un simple petit changement de prénom dans le titre, le vilain tour de la confusion était joué même si ça ne constitue pas non plus une bien grande trahison tant les personnages d'Ilsa et de Greta sont quasiment identique à l'exception de la couleur de leur imposante tignasse. Pur produit de la sexploitation des années 70 et du film de femmes en prison , Greta La Tortionnaire de Wrede de Jesus Franco est un film qui semblera fatalement un peu sordide sur les bords pour l'immense majorité des spectateurs puisqu'il fait spectacle et divertissement de tout ce que l'on ne devrait jamais prendre plaisir à regarder. Pour peu qu'on le regarde avec la distance suffisante et pour ce qu'il est véritablement, Greta La Tortionnaire de Wrede reste une crapoteuse mais sympathique série B.


Le film nous raconte l'histoire de Abbie, une jeune femme qui se fait volontairement internée dans une clinique psychiatrique aux allures de prison afin d'y retrouver sa sœur disparue. Dans cet établissement situé en Amérique du Sud et mené d'une main de fer par Greta Del Pino, on soigne prétendument les déviances sexuelles de jeunes femmes perdues. Dans la réalité cette prison pour femmes permet à cette directrice autoritaire de torturer des jeunes femmes et d'assouvir ses fantasmes sexuels masochiste, le tout en vendant des films pornographiques amateurs de ses exactions.


Dès les toutes premières minutes du film, et sans mauvais jeu de mots (Ce n'est pas le genre de la maison), on est plongé dans le bain puisque nous avons droit à une scène de douche collective bien trop chaude et trop froide avec des filles qui jurent comme des charretiers sous le regard de matonnes énervées, le tout montée en parallèle avec Greta qui glousse et soupir comme si elle avait un orgasme juste en prenant un bain bien chaud et plein de mousse. Du cul, des dialogues orduriers, de l'étalage gratuit de foufounes, des sévices, un manque flagrant de subtilité et des archétypes à foison, on sait d'emblée ce que l'on va regarder. Et le reste du film sera dans la même continuité enchaînant des dialogues ouvertement fleuris jusqu'à la vulgarité, une nudité aussi omniprésente que gratuite et des scènes de sévices à profusion avec flagellation, électrocution, acupuncture sans diplôme et séquences de soumissions. Jesus Franco n'y va vraiment pas de main morte et entraîne les spectateurs jusqu’au malaise avec une séquence de viol collectif assez glauque ou l’écœurement lorsque l'héroïne se retrouve contrainte de torcher une détenue avec la langue pour obtenir des informations sur la captivité de sa sœur. Le film baigne ainsi dans une ambiance étrangement dérangeante et sordide dominée par la sculpturale Dyanne Thorne en rousse incendiaire aux plaisirs sadiques. Si cette pseudo clinique est censée soigner des déviances sexuelles, il en sera finalement peut fait question hormis l'héroïne qui s'invente un passé d'institutrice pédophile comme alibi et d'une malheureuse à qui l'on introduira dans l'intimité une solution chimique qui fait partir sa foufoune en fumée. Tout ceci est d'autant plus gratuit que l'intrigue réduite au strict minimum n'offre pas beaucoup plus d'enjeux que de suspens.


On notera toutefois un personnage assez intéressant et interprétée par Lina Romay, l'éternelle muse de Jesus Franco incarne ici Juana une détenue soumise à Greta et qui par répercutions de ce statut privilégié prend un vicieux plaisir à soumettre en retours les autres détenues. Si le personnage de Juana se démarque c'est peut être tout simplement parce que c'est le seul qui connaîtra une évolution à mesure que le film avance pour trouver une sorte de conscience la faisant passer de figure d'opprimée consentante à celle de vecteur de la révolution des prisonnières. Lina Romay, que j'aurai tendance à apprécier de plus en plus à mesure que je découvre ses films, vole carrément la vedette à une Dyanne Thorne un peu pantouflarde dans un rôle taillé à sa mesure. Autres petits délicieux plaisirs que nous offre ce Greta La Tortionnaire de Wrede, le film glisse parfois vers le nanar avec cette prisonnière qui fait des grimaces digne d'un gosse de cinq ans ou cette autre qui fait des crises de nerfs en tricotant. Mais l'instant Z du film reste celui ou l'on se retrouve au Rum Curuba , une maison transformé en bouge bar restaurant par un habile jeu de décorations en carton et de paravent en osier avec un patron en veste rouge et nœud papillon XXL qui bouge sur de la musique latine comme dans une parodie ultra kitsch des seventies. Et puis de manière vraiment positive il convient de saluer la puissance et la noirceur du final du film qui verse (enfin) dans l'horreur graphique.


Menée par Juana , gardienne des clefs et protégée de Greta, la révolte des détenues s'accomplira dans un bain de sang et une orgie de chair lorsque les prisonnière telles des mortes vivantes viendront littéralement bouffer leur tortionnaire. Si Jesus Franco fait une analogie un peu lourde avec des grand félins dévorant leurs proies, la séquence faites de très gros plans de morsures et mastication de chairs sanglantes est particulièrement efficace.


Greta La Tortionnaire de Wrede offre avec générosité tout ce que l'on est en droit d'attendre de ce type de production avec du sexe, de la violence et du bis qui tire parfois au Z. Véritable coproduction internationale, la petite histoire raconte que pas moins de sept langues différentes étaient parlées sur le tournage. Et sept langues pour un film qui parle essentiellement d'amour saphique ça fait forcément beaucoup, même si ça ne fait pas tout .


freddyK
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le 15 nov. 2022

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