Alex Lutz, c'est le gars sympathique. Il est aussi bel homme qu'il est bon acteur, et quand il a de vrais rôles, et pas seulement celui de la secrétaire blonde un peu cruche, il le tient correctement.
Mais Guy était pour moi une première, visionner un film entièrement réalisé par Alex. Et c'est loin d'être mon style de film de prédilection, mais la bande-annonce avait quelque chose de touchant. Une bonne occasion d'aller à l'avant première, en présence de l'acteur Tom Dingler, au cinéma Star de Strasbourg.
Guy Jamet est un chanteur de variété française qui a connu la gloire dès les années 60, qui s'est tassée dans les années 90. En 2017, il enregistre un album de reprises de ses propres tubes, ainsi qu'une tournée dans toute la France. L'occasion pour Gauthier, jeune journaliste, de le suivre et en faire un portrait, à travers ses rencontres, ses répétitions, ses concerts, ses retrouvailles. Et par ailleurs, il se trouve que Gauthier est le fils illégitime de Guy, que celui-ci n'a jamais connu.
Le film dresse donc un portrait tendre d'une idole de la chanson française avec beaucoup d'humour et de bienveillance. Au delà des thèmes abordés (dont l'idée de laisser une trace dans ce monde, la vieillesse, et, de manière plus anecdotique, la paternité), on comprend qu'Alex Lutz travaille sur une sorte d'introspection et questionne sa propre personne.
Mais il le fait toujours avec beaucoup d'humour, le personnage de Guy étant parfois un peu décalé avec la réalité. C'est le genre de papy qui dit tout haut certaines choses sans se rendre compte que ça n'est pas très poli ou pas très correct. Le genre de papy qui aime bien les cartes postales avec des culs dessus.
Mais au delà de l'humour, le personnage de Guy est également très touchant, et la diversité des tons fonctionne car il est campé par un Alex Lutz décidément très doué. Le film lui laisse une part de roi, les autres rôles étant un peu anecdotiques.
L'aspect documentaire est très bien rendu et crédible, et il n'y a que la fin que vient casser un peu ça pour arriver à une sorte demi-chemin entre un documentaire et une fiction, au moment au Gauthier apparait à l'écran.
Mais heureusement le scénario esquive le happy end mielleux et cliché ("oh mon fils, je suis tellement heureux") et dresse jusqu'au bout un portrait doux, pudique et mélancolique de ce qui se révèle être une sorte d'ersatz de Claude François (sauf que Guy, lui, ne parle pas du nez).
Alex Lutz a réussi à composer pour le métrage un morceau titre (Dadidou) qui sonne vraiment chanson française cucul des années 70 et nous sort des caméos de Michel Drucker, Julien Clerc ou Nicole Ferroni, appuyant sur le côté réel du documentaire.
Avec Guy, Alex Lutz signe un film touchant et léger, drôle et mélancolique, jamais pathos ni voyeuriste, un moment rafraichissant de cinéma.