Quand Halloween petit film indépendant au budget misérable sort en 1978, John Carpenter ne se doute pas que son film deviendra en quelques années un pilier du cinéma d’horreur au même titre qu’Evil Dead de Sam Raimi ou Vendredi 13 de Sean Cunningham. Ce film étant considéré comme un succès, il a donc donné naissance à plusieurs suites (qui malheureusement n’égaleront jamais l’œuvre originale) pour arriver au film que j’ai vu aujourd’hui. Sobrement intitulé Halloween et réalisé par Rob Zombie, on peut aisément penser qu’il s’agit d’un simple remake, une version plus moderne, avec plus de moyens et de meilleurs effets spéciaux que le premier Halloween. Mais que nenni ! Ce film, en plus de modifier entièrement l’histoire de notre cher Michael Myers, s’évertue à insulter, à souiller, à cracher sur l’œuvre dont il est l’hommage.

Commençons par l’élément le plus important, à savoir Michael Myers. En lisant le résumé, à notre ravissement on apprend que l’on va enfin connaitre l’enfance de Michael ! Mais malheureusement, comme tout ce qui est dans ce film, cette enfance n’est qu’un cliché de slasher. En effet, le pauvre Michael Myers subit les moqueries de ces camarades de classes tous les jours alors qu’il tue des chiens et des chats, son beau père passe ses journées affalés dans un fauteuil à le traiter de « tarlouze » ou de « pd » , sa mère est une gogo danseuse qui finit ses nuits en jouant la prostituée dans la voiture de ses clients et sa sœur est une adolescente comme on en voit dans tous les films du genre, dévergondés, qui ne pense qu’au moment ou elle couchera enfin avec son copain et qui bien sur, passe son temps à critiquer son petit frère et à lui demander s’il s’est branler dans sa souris.
L’enfance de Michael Myers annoncé en grande pompe dans le résumé du film, n’est donc qu’un vaste cliché de tout ce qui c’est fait dans les films d’horreur depuis les années 2000.

Parlons maintenant des morts ! Alors que le Michael Myers de 1978 était calme, réfléchis, beaucoup plus sadique lorsqu’il s’approchait de ses proie, le film passant parfois de longue seconde en plan fixe à montrer Michael Myers fixant ses proies qui ne le remarquaient CAR il était bien caché ! Et surtout ce Michael Myers là, ne tuait pas pour rien, il ne tuait que le nécessaire et c’est bien cela qui faisait la force du film ! Chaque mort était calculée !

Alors que dans le magnifique Halloween de M. Zombie, Michael Myers semble possédé un couteau à la place du bras, c’est bien simple, il ne peut pas marcher dans la rue sans buter tous les passants qui passent à côté de lui ! (Fort heureusement, les rues de Haddonfield sont très souvent vides). Non, sérieusement, Michael Myers est un vrai paradoxe. Alors qu’il est assez discret pour ne pas se faire remarquer et qu’il pourrait donc s’enfuir très tranquillement de l’asile, non ! Il préfère attendre le concierge pour pouvoir le noyer dans son propre sang, tout simplement (après avoir éventré l’infirmière qui passait par là, bien sur.)

Par toutes ces morts (et celle qui suivent dans le film) qui sont le plus souvent baigné de plusieurs centaines de litres d’hémoglobine, on découvre donc une des autres erreurs d’après moi de ce film. Le Michael Myers de 2007 est un personnage non pas sadique mais simplement sale, un cliché de personnage de slasher, il ne met rien en scène, il ne prépare rien, il ne tue qu’au feeling ou presque. Ainsi l’une des scènes les plus haletantes du film originale, la découverte des trois corps par Laurie dans la maison des Wallace ne peut même pas avoir lieux puisque Myers ne fait rien des corps qu’il tue, il les laisse à l’abandon sans utilité.
Enfin, pardon, je mens, un des cadavres est mis en scène, le coyote qui est cloué à la pierre tombale de sa mère.

Enfin, assez parlé de Michael Myers, parlons de notre chère Laurie Strode. La pauvre actrice qui a du reprendre son rôle à eu fort à faire, elle reprenait le flambeau derrière Jamie Lee Curtis, qui est sans nul doute une des meilleures scream girl qui n’ai jamais existé. Alors que la Laurie Strode de Jamie Lee Curtis était une baby-sitter attentionné, drôle, très prude (trop ?), la nouvelle Laurie Strode n’a rien de tout cela ou presque. Elle n’est pas prude (elle est vierge mais son grand rêve est de trouver un copain), elle sort des blagues salaces, elle est très mauvaise baby-sitter. Bien sur, tout cela à été caché derrière ses lunettes à énorme monture qui sont là parce que ça donne l’air intelligent (PS : Elle les enlève à la moitié du film et ne les remet jamais sans que ça ai l’air de la gêner le moins du monde.). Bref, cette Laurie Strode est complètement raté, elle ne sait dire qu’une chose (littéralement) c’est : « Je vous en prie, je vous en prie, je vous en prie, je vous en prie, aidez moi, je vous en prie, je vous en prie » [fin de citation] ;

Mais attendez ! Je pense à Laurie Strode et un des passages qui m’a fait fulminer me revient en tête ! Dans le remake de Rob Zombie, Michael Myers ôte son masque ! Vous me direz, oui mais dans le film de Carpenter, il le perd aussi. SAUF QUE NON ! Ca ne se passe pas du tout de la même manière, dans le film de Carpenter, Laurie en se débattant arrive à lui retirer son masque ce qui déstabilise Michael et permet à Laurie de lui tirer dessus. Mais chez Zombie ca ne se passe pas comme ça, Myers enlève son masque de son propre gré ! Ce qui nous amène au passage gnan gnan du film, mais aussi un des passages les plus lents (et pas dans le bon sens). Michael Myers essaie de révéler à Laurie qu’il est son frère, en sortant d’abord une photo puis en retirant son masque sans une once d’hésitation, sauf que Laurie qui pour une fois réagi de manière logique, ne comprends rien ! Forcément, elle avait un an à peine quand son frère à été envoyé en asile, Michael en avait maximum douze (je parle du remake dans l’original il en à six.), comment voulez-vous qu’elle puisse le reconnaitre !

Mais je suis méchant, je critique, je critique, mais ce film n’est pas mauvais en tout. Tout d’abord, Michael Myers reste aussi muet que dans l’original (à part dans les 20 premières minutes, mais ça passe vite.) ce qui est une très bonne chose ! Ensuite, les dialogues pendant les scènes de sexe, qui sont absolument géniaux :
- Et vas pas trop vite, tu vas déchirer mon veston !
- Mais on s’en fout !
- Non on s’n’en fout pas, il coute la peau du cul ! comme le reste d’ailleurs…
Vous avouerez qu’on à rarement fais mieux niveau dialogue lors d’une scène de sexe !

Non, plus sérieusement, je ne retiens qu’un seul point positif dans ce film, c’est le fait de pouvoir retrouver Haddonfield avec une caméra moderne, une photographie plutôt bien foutu et des angles qui tente de se rapprocher de l’original, mais c’est vraiment le seul hommage dont peut se vanter le film.
Wes Craven avait incendié le remake de La dernière maison sur la gauche, je me demande si John Carpenter ne devrait pas faire de même…

Voilà, fini, oui je sais « pavé césar, ceux qui n’ont pas lu te saluent », mais j’avais beaucoup à dire sur ce film. Je ne pensais vraiment pas être déçu à ce point, je savais que j’allais l’être, mais pas à cette échelle ! D’ailleurs, vous avez sans doute remarqué que je ne parle pas de la musique du film, c’est tout simplement car si je commence à en parler je vais me mettre à rager comme un chinchilla contre ce putain d’enculé de Tyler Bates et sa musique de merde que j’ai envie de lui foutre cul à ce enfoiré de fils de péripatéticienne.
Loïck_Jouan
2
Écrit par

Créée

le 1 juil. 2013

Critique lue 1K fois

7 j'aime

1 commentaire

Loïck Jouan

Écrit par

Critique lue 1K fois

7
1

D'autres avis sur Halloween

Halloween
B_Jérémy
9

Joyeux Halloween les copains !

Les âmes sombres ne sont pas celles qui choisissent de rester dans l'abîme mais celle qui choisissent de s'en évader pour errer, silencieuses, parmi nous. John Carpenter vs Rob Zombie, une...

le 31 oct. 2023

48 j'aime

36

Halloween
Docteur_Jivago
6

L'origine du mal

J'appréhendais un peu de retrouver Michael Myers via ce remake de Rob Zombie, notamment dû au fait que l'original de Carpenter (voire même l'ensemble de la première saga que j'avais découvert très...

le 20 févr. 2015

32 j'aime

14

Halloween
Vnr-Herzog
4

Not another zombie movie

Dire que je voue un culte à John Carpenter, auteur du Halloween originel , est un euphémisme tant ce réalisateur en général, et ce film entre autre, représente ce que le cinéma peut offrir de mieux...

le 25 mai 2010

24 j'aime

9