Seigle Royal

Un véritable OVNI de cinéma indé, aux tendances arty entièrement assumées par Tyler Taormina ; jeune cinéaste prometteur celui-ci se revendique clairement du cinéma poseur et éthéré de Gus Van Sant ( avec en tête de liste sa somptueuse tétralogie de l'errance mortifère entamée avec l'hypnotique Gerry en 2002 puis bouclée avec le déconcertant Paranoid Park en 2007 ), du spleen adolescent intrinsèque au Virgin Suicides de Sofia Coppola ou encore de la densité invisible du plus récent - et magnifique - The World is Full of Secrets de Graham Swon...

Difficilement résumable, tour à tour ludique, esthète jusqu'à l'os et profondément évocateur dans sa portée essentiellement cinématographique Ham on Rye est surtout et avant tout une formidable proposition de Septième Art n'ayant pas peur de ses nombreuses audaces et/ou incongruités jalonnant sans fausse pudeur le métrage la constituant. Au gré d'une photographie proche du ravissement et d'un montage particulièrement étonnant Tyler Taormina dynamite sa narration tout en mettant un point d'honneur à dépeindre une horde de personnages ( jeunes pour la plupart ) délibérément déconnectée du monde réel.

Dans ce little big movie où les sandwiches s'épanouissent au mouvement indolent de leur mie florissante, où les fast-food sont aussi propres que des bars lounges et où les slows s'effectuent à la lumière d'un globe aveuglant sur une musique mémorable jouée à la flûte de pan les gestes se suivent sans jamais se ressembler. Singulière et poétique de bout en bout Ham on Rye s'agit donc d'une promenade troublante et envoûtante à travers laquelle Tyler Taormina parvient à sublimer chaque figure re-présentée comme en vase-clos : c'est prégnant et résolument remarquable in fine. Une vraie surprise !