Hamburger Hill par limma

John Irvin filme un épisode de la guerre du Viêt Nam peu connu qui s'est déroulé en 1969 et cherche à démontrer l’horreur que vivra une escouade de soldats, la 101ème division pendant 10 jours, aux prises avec une colline et des nord-vietnamiens indélogeables.

La guerre du Viet Nâm demeure un conflit marquant et depuis les années 70 un certain nombre de films a traité du sujet Apocalypse Now de F.F.Coppola et vers la fin des années 80 Platoon d’O.Stone et Full Metal Jacket de S. Kubrick, traitant plus largement le conflit dotée d'une psychologie plus fine. Irvin lui, veut rendre hommage à ces jeunes hommes critiqués par le peuple américain qui refuse la guerre mais qui eux mêmes n’ont pas vocation à mourir pour un pays dont ils ne comprennent finalement pas grand-chose. Et comme la plupart de ces métrages, le point de vue est strictement américain. Même si certains films comme Outrages de B de Palma notamment et par la suite Redacted de ce même metteur en scène, ont la volonté de démontrer les ravages perpétrés par les américains, il s’agira plus de dénonciation que d’un point de vue de population concernée.

Les acteurs pour la plupart à leur place n’auront pas non plus la performance dramatique puissante qui ont fait des films comme Voyage au bout de l’enfer de M. Cimino une réussite tant sur la mise en scène, les enjeux que les jeux d’acteurs pourtant débutants.
De même, seuls quelques sud vietnamiens seront posés là pour signifier que la population est prise entre deux feux et que les américains restent un allié peu désiré. Les scènes dans les maisons closes, hormis quelques discussions entre soldats et ces jeunes femmes, manquent d'enjeu. Quelques scènes trop courtes également pour signifier tant l’appui de la famille que le refus de la guerre par les citoyens et le choix des politiques de continuer à mener une guerre dévastatrice.
Le point de vue des soldats, quant à eux, restent sur des discussions plutôt légères, la jeunesse, la musique, les bars et les filles avec quelques envolées sur la différence noir/blanc.

La tension ne se révélera que dans les scènes d’action, en groupe, s’essayant à la survie. Les bottes qui collent à la boue, les sacs lourds sur leurs dos les verront avancer difficilement, complètement perdus dans l’ascension de cette fameuse colline 937, dite Colline Hamburger où bunker après bunker, dans un climat de pluie et de brouillard, les soldats finiront par l’atteindre. Où l'incrédulité du début laissera place aux combats acharnés. Le metteur en scène se concentre sur ses personnages, les scènes sont tendues et Irvin arrive à donner une certaine force aux images, plutôt sèches servies par un souhait de réalisme, des couleurs sombres, sans musique, le cinéaste appuie le danger invisible auquel sont confrontés les soldats, et leurs hélicoptères qui finiront par leur tirer dessus dans la cacophonie générale.

Ce sont finalement les scènes de combat et l’ambiance lourde qui resteront le plus dans les mémoires. Car Irvin prend son temps à la description des personnages nous les rendant bien plus réels renforçant au fil du métrage la solidarité collective et l’aspect dramatique où tous finiront tués ou mutilés. Pour finir sur des images de chaos où la légitimité de la guerre (?) vient se heurter à l’inutilité de l’action.