De légers spoilers peuvent émailler le texte qui va suivre.
D'une part je vous prie de me pardonner mais j'ai essayé de limiter aux choses qui étaient nécessaires pour étayer mon propos, d'autre part ce ne sont -a priori- pas des choses qui peuvent nuire à l'intrigue principale, donc pas vous gâcher irrémédiablement le film j'y ai, comme souvent, veillé. Merci de votre compréhension.


Sur ce jeu de mot, subtil mariage entre Hana-Bi, film de '97 et le timide baiser qu'Hanna échangera avec une jeune fille durant le film (oui spoiler, on me pardonnera), j'ouvre la critique d'un de ces petits films sans forcément grande prétention, ou en tout cas qui n'aurait sans doute pas croisé ma route sans un concours de circonstances.

Suite donc à l'annulation des plans initiaux de la soirée, je me vis proposer Hanna par des amis aux goûts parfois douteux (ils m'emmenèrent par exemple voir Thor, par le passé, autant dire que la jurisprudence ne jouait pas nécessairement en leur faveur).
Vérification faite sur mon petit SensCritiquounet d'amour, ainsi que sur Allociné, qui me révélèrent un script à peu près passable, ainsi que la présence de Cate Blantchett, je décidai de donner mon approbation et les gratifier de mon auguste présence au vu de ces quelques éléments.

J'en suis fort aise, me dis-je, mais encore ?
Une photographie intéressante, et les Chemical Brothers.
Bon, ma curiosité est piquée.

Alors je vais d'ores et déjà tuer un peu le suspens.
Si vous aviez grosso-modo repéré les mêmes mots-clés que moi, et qu'a fortiori le pitch vous avait évoqué des choses telles que Nikita, Jason Bourne ou encore Matrix, tout ou presque est dit.
Vous ne serez pas déçus, non, mais ne vous attendez pas à beaucoup de surprises.

De Nikita on retrouve la femme-enfant entraînée à être une machine à tuer, dont la personnalité est certes intéressante mais réserve peu de nouveautés par rapport à ce qui a déjà été fait dans le genre.
Notons au passage que l'actrice du rôle-titre occupe superbement l'écran, et je ne serais pas surpris de la revoir prochainement (je serais d'ailleurs un peu désappointé dans le cas contraire).
Mais si il n'y a pas grand-chose à redire, ni sur les différentes facettes de la personnalité d'Hanna, ni sur leur interprétation, c'est là aussi que le bât blesse.
Peu d'aspérités, peu à en dire justement.

On relève par ailleurs ça et là d'énervantes incohérences/invraisemblances par rapport à la soi-disant "enfant-loup" : des oreilles percées qui sautent littéralement aux yeux (pour une gamine élevée dans une cabane, wtf ?), des réactions inexplicables vis-à-vis d'une technologie qu'elle n'a jamais cotoyé comme le recours immédiat à la télécommande pour agir sur une télévision, ou à la souris pour contrôler un ordinateur...
Les scènes de combat sont assez approximatives, on voit un peu trop clairement que certains coups ne portent pas, les enchaînements sont par trop artificiels, même si la chorégraphie de l'ensemble est agréable à l'oeil (le côté Matrix, appuyé par la musique à fort penchant électro qui accompagne les scènes d'action/fight).
Je ne dresse pas une liste exhaustive, chacun trouvera tel ou tel élément plus choquant, énervant, mais en ce qui me concerne ce manque de rigueur a gêné l'immersion, déjà pas forcément évidente.

Ce n'est certes pas la trame principale qui sauvera du naufrage (un Jason Bourne like, donc).
Encore moins la révélation finale, que je vous épargne ici, mais dont le ridicule n'a guère d'égal que le manque d'originalité. C'est vu revu et re-revu. Sur ce film de deux heures, on aurait pu nous épargner le dernier quart d'heure sans forcer.

Bon avec tout cela vous allez finir par vous demander le pourquoi de la note.
Eh bien parce que, derrière un manque criant d'originalité et quelques maladresses, se cache un exercice de style intéressant.
Si je voulais caricaturer à l'extrême, je dirais que c'est soit un très joli clip avec une histoire un peu plus fouillée qu'habituellement, soit un film assez médiocre avec de jolis sons et de jolies images.
La première partie plongera le spectateur dans un univers où le silence habille assez étrangement des scènes à la lumière somptueuse, et où la méditation côtoie habilement la violence et la dureté de la vie sauvage.
Par la suite, on est lancés dans une longue fuite en avant, où l'urbain alternera avec le bucolique, le désert avec la foule, le tout-uniformes avec le beauf-land absolu.

Ce fut dit et redit, l'articulation et la progression des différents tableaux est parfois un peu hasardeuse, on se demande ce que certaines pièces viennent faire là (comme bien sûr la famille anglaise, sorte de fil rouge un peu trop évident pour s'intégrer comme il faudrait).
Les psychologies et motivations des différents protagonistes sont soit trop peu, soit mal expliquées. On peine à s'y attacher réellement, hantés par la comparaison avec les innombrables autres incursions dans ce domaine du "supertueur" qui échappe à ses maîtres.

Bref, il faut prendre Hanna pour ce qu'il est : un film à voir sans trop se prendre la tête.
Apprécier les jeux d'images et la magnifique bande-son, le jeu d'acteur adéquat même si un peu académique peut-être, et ne pas s'attarder sur ses petits défauts.
Si c'était un premier film, on dirait sans doute que c'est assez encourageant.
Pour le 5ème long de Joe Wright, on pourrait plutôt commencer à se dire que la maturité tarde un peu à s'installer.
A fortiori si on en juge par la moyenne de ses deux premiers films, apparemment bien accueillis (je n'en ai vu aucun pour ma part).

Bref, allez-y en sachant à quoi vous attendre, et vous passerez une bonne soirée.
SeigneurAo
7
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films auxquels on ne croyait pas et Les 5 dernières minutes... de trop

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le 12 juil. 2011

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SeigneurAo

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