Hannah Arendt (Mme Barbara Sukowa), philosophe juive allemande, vit réfugiée aux Etats-Unis, où elle continue son activité universitaire. Elle apprend l’enlèvement d’Adolph Eichmann en Argentine par des agents israéliens et l’imminence de son procès, qu’elle compte suivre pour le journal qui l’emploie. Elle y rédige une série d’articles denses, qui ne manquent pas d’agiter l’opinion publique. Mais ce n’est rien face à la polémique que naît la théorie qu’elle émet de banalisation du mal, qu’Eichmann a incarnée. Sans lui pardonner d’avoir ordonnancé la logistique de la solution finale, elle explique comment un homme aussi ordinaire, et presque médiocre, peut croire légitimement dans le bien-fondé de son action, du fait du commandement de l’autorité légitime. Sans absolution de la part de la philosophe, cette dernière reste incomprise et se retrouve ainsi au cœur d’une vive controverse, souvent violente et durable, qui finit par la détourner d’une partie de ses proches.
L’alliage du courage et de la lucidité, en-dehors du sentier tout tracé du manichéisme, s’avère parfois difficile, voire presque impossible, à expliquer. Ce fut ce que la philosophe a enduré, ce qui méritait bien une œuvre pédagogique. Ce film, de type du « biopic », s’est donc avéré utile.
La réalité n’étant jamais totalement manichéenne, des Nazis ont pu se ranger derrière l’ordre établi et les instructions officielles pour survivre ou légitimer leur action, sans – trop – se poser de questions. Et ce pourrait fort bien être le cas d’Adolph Eichmann. Cette idée développée par Hannah Arendt n’est pas présentée comme un jugement moral, la philosophe n’ayant pas cherché à pardonner le criminel de guerre, mais à expliquer son acte.
Le propos peut bien dérouter, mais reste compréhensible. Ce film montre combien est difficile la prise de distance avec des drames politiques et sociaux, surtout quand ils demeurent encore récents. C’est pourquoi il m’est apparu essentiel, malgré une relative lenteur froide de mise en scène, pour certaines scènes. Il reste très bon.