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Non, le film de Yim Phil-Sung n’est pas une adaptation coréenne du célèbre conte des frères Grimm. Il n’en garde même pas la structure mais le conte en lui-même a une importance capitale dans la résolution du trauma des trois enfants. Cependant, Hansel et Gretel partage avec tous les contes cette propension à mettre à mal l’enfance. Et comme Antartic Journal, le film précédent du réalisateur, investit un genre ultra codifié pour livrer une étude psychologique et intimiste.


Eun-Soo va bientôt être papa. Partagé entre ses nouvelles responsabilités qu’il a du mal à assumer et celles qu’il a envers sa mère malade au chevet duquel il se rend lorsqu’il a un accident de voiture. Emergeant de l’inconscience, il aperçoit une jeune fille vêtue de blanc et d’un chaperon rouge qui va le guider à travers une sombre forêt vers la maison familiale. Là, il découvre un couple aux sourires trop francs mais aux comportements tendus et la petite sœur et le frère taciturne qui semble avoir l’ascendant sur tout ce petit monde. Pas de maison en pain d’épices mais la nourriture est presque exclusivement composée de pâtisseries aux couleurs chatoyantes. De toute façon, il ne passera qu’une nuit puisque dès le lendemain matin, il repartira sur le chemin pour rejoindre la route. Problème : ses pas le ramènent invariablement vers cette demeure…


L’ambiance féerique apparente cache de bien lourds et sombres secrets que Eun-Soo va s’ingénier à mettre à jour s’il veut avoir une chance de s’enfuir. Réalisation au cordeau, direction artistique somptueuse, le film de Yim Phil-Sung est visuellement superbe. Distillant une ambiance de plus en plus pesante à mesure que s’égrène le temps passé dans la maison (premier jour, deuxième jour…dernier jour), le métrage va confronter divers registres de fictions (le conte, le film de maison hantée, le fantastique) qui seront finalement l’apanage de chaque enfant, cohabitant comme eux plus ou moins harmonieusement. Ces différents traitements seront l’occasion de mesurer Eun-Soo à ses doutes et ses capacités à être père tout en développant une intrigue articulée autour de ses enfants inquiétants recherchant inlassablement un adulte qui saura s’occuper d’eux.
Film de genre, Hansel et Gretel utilise également la voie psychanalytique avec force symboles pour éclairer les caractères de chaque protagoniste. Le film est aussi marqué par un déroulement lent appuyé par des plans fixes qui laisse s’instaurer une tension presque palpable. Que cache le grenier, que renferme ce frigo, où se rend la cadette lors de ses crises de somnambulisme, etc. Autant de questions aptes à prolonger l’angoisse. Rappelant les films de Caro et Jeunet ou Le Labyrinthe de Pan de Del Toro, Hansel et Gretel souffre cependant d’un excès de plans contemplatifs et scènes explicatives. Alors que les non-dits, les silences et différents indices disséminés étaient tout autant suffisants à une pleine compréhension. De même, on regrettera la difficulté de son auteur à conclure son film, comme s’il avait du mal lui aussi à quitter le monde qu’il a créé.


Clin D'œil :
Redouté par nombre de festivaliers lors du 16ème festival Fantastic’Arts de Gérardmer qui s’attendaient à un film « chiant et long », Hansel et Gretel se sera révélé une agréable surprise que les défauts de rythme entacheront à peine. A retenir, cette scène où Eun-Soo et le grand frère « s’affrontent » par le biais de récits métaphoriques, l’un expliquant qu’il ne peut rester, l’autre le menaçant s’il partait, tandis que la petite sœur anime grâce au pouvoir de son imagination une petite fée de bois qui virevolte dans les airs durant « l’affrontement ». Une séquence magnifique et qui synthétise à merveille les enjeux du film.

Créée

le 2 déc. 2020

Critique lue 208 fois

Blockhead

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