Un objet proprement fascinant, exsangue et dense dans le même mouvement paradoxal. Hollis Frampton pousse la dimension structurelle de son Cinéma dans ses dernières extrémités, partant d'un plan-concept ressemblant à une sorte de copie zéro qu'il déclinera sous la forme de 240 plans fixes se superposant littéralement face à nous-même. A l'image de ce script sommairement détaillé au gré des pages posées sous nos yeux Hapax Legomena II érige une étrange fenêtre fantasmatique sur près de 30 minutes, développant notre imaginaire tout en assumant sa forme sèche, concrète et répétitive dans le même temps.


Le film avance lentement mais sûrement, afin de recréer tout un univers essentiellement photographique et uniquement formé de natures mortes projetées dans notre mental. Frampton reprend le principe de rythme métronomique déjà mis en oeuvre dans son chef d'oeuvre Zorns Lemma, tout en jouant sur les questions de perspective et de mise en abyme. Ici le hapax est affaire d'instant et/ou d'instantané, accouplé à une construction tétralogique susceptible de générer ponts, analogies et autres réminiscences pour le moins fascinantes. Un film aussi brillant qu'exigeant.

stebbins
8
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le 22 nov. 2020

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