Après de brèves recherches, j’ai découvert que le titre original est en fait un jeu de mots, « sykt » pouvant être aussi bien positif (« incroyablement heureux » comme établi par le titre) que négatif (« heureux de façon malsaine »).
En effet ce double-sens parcourt l’ensemble du film. Deux couples sont voisins, mais leur première tentative pour établir des relations cordiales part en co****es (quelle grossièreté !) et les deux familles se révèlent rapidement comme n’étant pas aussi parfaites qu’elles en ont l’air.
Bien vite elles se retrouvent même entremêlées dans un étrange triangle amoureux, se transformant presque en double triangle amoureux puis en un pur échange de partenaires.
La succession d’événements fait que les personnages se retrouvent finalement à la case départ mais avec cette fois une expérience enrichie. On termine donc avec cette impression étrange que tout est de retour à la normale mais que dans le même temps rien n’est plus pareil.
On en vient à se demander qui est “happy”, quand et à propos de quoi… Est-ce censé être ironique ? Je n’en suis pas certaine, et c’est une bonne chose. Un film qui continue de me faire réfléchir après le générique, sans stratagème alambiqué mais sans réponse claire et nette est généralement un bon film à mes yeux.
Sykt Lykkelig est un long-métrage difficile à categoriser. Dans un sens, c’est une pure comédie scandinave, plus étrange et absurde que drôle, avec un parfum de sérieux qui flotte tout au long du film sans jamais prendre le pouvoir. En résulte un film constamment agréable même lorsqu’il pourrait être trop maladroit, mélancolique ou sentimental. Bien entendu, je comprends que certains ne puissent pas apprécier cette approche minimaliste, mais on ne peut pas plaire à tout le monde.
Pour résumer, Sykt Lykkelig est un film un peu étrange et parfois bancal qui entre dans la catégorie tragicomique. Son point fort est l’absence d’introspection larmoyante: pour une fois on se contente de regarder quatre personnages se démener avec leur vie et leurs choix. Pas de morale ou de message profond qu’on nous imposerait avec la même subtilité que lorsqu’on gave les oies avant Noël, pas de réponses évidentes qui nous feraient sentir plus idiot(e)s qu’elles ne nous aideraient… Pas un chef-d’œuvre, mais à la fin le bilan est positif.