Sept films, sept déceptions.
Je n'arrivais pas dans la salle ce soir avec de grandes attentes. Les réalisateurs des films ont souvent peu compris l'œuvre de base, se servant trop souvent de Ron comme d'un ressort comique ou bien simplifiant les sentiments des personnages pour les rendre plus apréhensibles par monsieur tout le monde. J'ai donc été très agréablement surpris de voir une adaptation fidèle. Des pans entiers de dialogues repris, des scènes astucieusement adaptées. Des acteurs enfin à l'aise avec leurs personnages (Fred et George sont très bons, Rupert Grint est enfin potable). Des images assez jolies, et malgré une certaine raideur dans certaines scènes, on se laisse porter. Bon, Voldemort = Hitler n'est pas la plus subtile des métaphores, et elle est filée avec pas mal de maladresse (les longs manteaux de cuir style gestapo, les bandeaux rouges attachés au bras, etc), mais cela reste dans les limites de l'acceptable. La scène décrivant l'histoire des trois frères, toute en animation est aussi une parenthèse réjouissante et réussie. Bref, le meilleur film de la série.

Et puis il a fallu une scène pour détruire mon enthousiasme. Celle entre Grindelwald et Voldemort. Dans le livre, Grindelwald est cet ami d'adolescence de Dumbledore, un jeune homme brillant qui séduit ce dernier avec ses théories sur le monde magique, mais pas seulement. Car oui, même si c'est extraordinairement subtil dans le livre, Dumbledore laisse entendre qu'il éprouvait des sentiments assez profonds pour Gellert Grindelwald. Ces sentiments étaient-ils réciproques? L'histoire ne le dit pas. Il est probable que manipulateur comme il l'était sûrement, Grindelwald s'est servi de Dumbledore. Mais qui peut le dire? La rencontre entre Voldemort et Grindelwald, les deux maléfiques sorciers est dans le livre, brève. Voldemort cherche la baguette de sureau, et le dernier possesseur semble être Grindelwald. L'échange entre les deux sorciers est l'occasion pour Gellert de se racheter semble-t-il. Il refuse de révéler l'emplacement de la baguette et met en garde Voldemort contre cette dernière. Excédé, Voldemort le tue.

Le film décide de nous livrer une version complètement différente. Tout d'abord, Gellert accueille Voldemort en l'appelant par son prénom. Doit-on penser que c'est une rencontre entre un maître et son élève? La connivence de ton prête à le croire. Puis Grindelwald, tout sourire révèle l'emplacement de la baguette. Voldemort le laisse vivre.

Pourquoi suis-je hors de moi devant ce massacre? Tout simplement parce que la relation entre Dumbledore et Grindelwald, pour si subtile qu'elle soit est le seul exemple de relation non hétérosexuelle dans Harry Potter. Soit, les références sont subtiles et ne s'éclairent que grâce à une interview de J.K. Rowling post-publication. Mais connaître l'homosexualité de Dumbledore permet de comprendre bien des choses: son manque d'empressement à confronter son ancien ami, sa fascination pour cette force qu'est l'amour, et enfin son incompréhension des relations humaines et son enfermement réciproque dans une vie d'étude, en solitaire. C'est tout cela qui éclaire le personnage de Dumbledore et le rend plus humain, plus faillible et plus réussi. Mais non, Grindelwald étant relégué au rôle de simple mentor de Voldemort, on en est bien loin.

Le film aurait pu être l'occasion de mettre en images la relation entre Dumbledore et Grindelwald, mais rien n'indique que ce sera désormais le cas. Du reste, cette trahison du personnage - qui se rachète juste avant de mourir est totalement absente. C'est vraiment dommage d'avoir fait cela.

Les autres soucis, beaucoup plus mineurs sont la publication du livre de Rita Skeeter sur un papier d'une souplesse telle qu'il ressemble à un annuaire téléphonique, et enfin l'acteur choisi pour incarner Xenophilius Lovegood qui joue sans finesse. Mais tout cela n'est vraiment qu'un minuscule problème comparé au massacre de Gellert Grindelwald. J'aimerais qu'on m'explique pourquoi.

Hameçon
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le 24 nov. 2010

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