Deux films de plus de deux heures, deux interminables échecs : c'est ce qu'il aura fallu à Yates pour enfin appréhender l'univers d'Harry Potter dans toute sa complexité. Enfin, le réalisateur nous livre une expérience réussie, sombre et torturée mettant parfaitement en lumière (ou bien plutôt dans l'ombre) la quête désespérée des Horcruxes.
Dès le début, le cadre est posé par une introduction qui laisse (enfin) sans voix : la lumière est maîtrisée, l'ambiance pesante et malsaine ; on mesure très bien les enjeux et les risques si jamais Lord Voldemort venait à triompher. Les tensions dans la recherche des Horcruxes entre les trois protagonistes sont bien rendues. On ne s'ennuie pas du tout pendant les presque 2H30 de film en comparaison des deux précédents méfaits du réalisateur, et l'attache émotive aux personnages qui manquaient cruellement aux deux précédents est à nouveau présente : j'ai encore chialé comme un gosse à la mort de Doby ("Doby has no master ! Doby is a free Elf !!" pinaise qu'elle jouissance ce passage !) et il faut bien évidemment souligner la maîtrise totale et la beauté de la scène animée, qui confère au film un cachet envoûtant des plus appréciables.
Malgré un enthousiasme certain de ma part, j'ai tout de même quelques réserves, notamment concernant la gestion des dialogues : trop de scènes tendant au tragiques sont trop rapidement et maladroitement désamorcées par un humour soit potache, soit littéralement déplacé qui casse l'aspect tragique alors que l'on avait à peine le temps de l'apprécier. Il faut cependant noter les performances des acteurs secondaires voire même tertiaires comme Bill Nighy (Rufus Scrimgeour) dont la diction est si particulièrement intrigante ou encore Rhys Ifans (Xenophilius Lovegood) parfait de misérabilisme.
Et si la scène d'ouverture est magistralement gérée, la scène de fin (qui n'en est pas vraiment une) est elle aussi maîtrisée, chassant d'un obliviate rageur le mauvais souvenir des deux films précédents. Il ne reste qu'une moitié de livre à Yates pour conclure la saga éponyme et à nouveau, mes souvenirs ne sont pas bon...
La déception du sixième opus, c'est par ici :
http://www.senscritique.com/film/Harry_Potter_et_le_Prince_de_sang_mele/critique/47683807
Et la rétrospective dans son ensemble, c'est par là :
http://www.senscritique.com/liste/Retrospective_de_mon_enfance_1_la_saga_Harry_Potter/950943