Si la fin n'était pas aussi abrupte avec un cliffhanger tout moisi à base de McGuffin superpuissant, totalement inconnu au bataillon cinq minutes avant, on pourrait faire face au meilleur film de la saga.
Mais tout le monde sait que le meilleur c'est le numéro trois.
D'aucuns diront qu'il est inconcevable de séparer les deux films mais je me lance : Harry Potter 7.1 est meilleur que le 7.2 au même titre que Kill Bill 2 est meilleur que Kill Bill 1. Voilà, comme ça c'est fait.
Pourquoi ? Simplement parce que ces deux films sont des objets plus finis que leurs contreparties encombrées. Passons Kill Bill 2 qui ne nous intéresse guère et jetons-nous sur ce formidable Harry Potter qui délaisse une énorme partie des personnages, des gimmicks et des enjeux de la saga pour se concentrer sur ce qui en fait tout son sel : le trio de jeunes sorciers et leurs histoires extrêmement dramatiques, puisqu'on passe finalement le plus clair de notre temps à faire du camping avec les ados les plus dépressifs de la terre.
Le résultat est terriblement déprimant mais d'une beauté réelle avec des décors naturels et des banlieues londoniennes magnifiquement désolées. On frise le polar avec l'injection d'une palette de couleurs anthracite et de personnages aux contours louches (le trop évident Mundungus, le papa Lovegood au casting parfait, la formidable famille Malefoy et la tripotée de punkachiens/Death Eaters à leur trousse). On s'intéresse finalement peu au final épique qui se profile : peu de Voldemort, peu de Snape, l'Ordre du Phénix et la bande de Poudlard évacués au premier tiers du film... Tout ça sera géré au prochaine épisode.
Exceptée cette histoire d'artefacts surpuissants (mais qu'on excuse puisque cela donne une raison pour inclure une très belle séquence d'animation), rien n'est vraiment connecté à la Grande Histoire de la Lutte contre le Mal, on suit plutôt Harry en train de chasser le fantôme de Dumbledore, une quête qui l'intéresse finalement beaucoup plus (et nous aussi). Le bilan est de toute façon tout pourri pour le côté lumineux : un seul horcruxe pété, plein de morts (significatives), des plans foireux et du drama à la pelle.
Mais bon voilà, il y a des petits moments de grâce sous la tente, des corps presque nus et secs, des regards perdus, des non-dits... On aurait filer ça à Larry Clark, ils auraient fini par baiser en chialant.