Je veux baiser !

Il est difficile de toucher au monde des personnes différentes, par leur handicap, sans tomber dans une forme de tragédie facile ou de misérabilisme. Avec Hasta la vista, Geoffrey Enthoven évoque la sexualité des personnes handicapées. Le cinéaste s'en sort plutôt bien même si son oeuvre manque parfois de légèreté et n'évite pas une certaine facilité.

En effet, on notera quand même quelques situations qui n'évitent pas ce qui a déjà été fait dans le genre. Il est évident que le handicap d'une personne suscite parfois les interrogations des humains totalement valides. Il est aussi triste de constater qu'elles provoquent également les moqueries. Enthoven n'hésite pas à souligner à ce genre de choses, parfois de manière un peu inutile, parfois de manière à tomber dans une forme de sentimentalisme. C'est un peu le petit problème de ce film avec un manque de légèreté. Très sincèrement, je m'attendais à un film avec un peu plus d'humour. Oh bien entendu, il y a une forme de légèreté, mais le tragique reprend souvent le pas. On rit assez rarement finalement alors qu'il aurait été simplement prodigieux d'évoquer ce thème de la plus légère des manières.

Pour le reste, c'est un bon film me semble-t-il. Le cinéaste ne manque pas de talent pour doser son film, lui mettre du rythme et surtout offrir parfois des plans ou des séquences absolument sublimes et touchantes. Car si l'oeuvre n'évite pas le tragique, elle ne tombe jamais dans le misérabilisme. A ce niveau, il existe une justesse qui sert à ce film. On constatera que dans les séquences drôles, on s'esclaffera du traitement réservé à la compagnie aérienne low cost Ryanair. On remarquera que l'envie de "baiser" est parfois tellement forte que nos hommes le hurleront à tort et à travers. On soulignera enfin que le cinéaste évoque les petites tensions communautaires à coup de clichés bien senti comme cette wallonne qui nous pompe le pognon, là où le flamand ne sait se montrer qu'arrogant.

L'oeuvre doit enfin beaucoup à son quatuor d'acteurs. Les trois personnes moins valides sont jouées à merveille par ce trio de comédiens flamands là où l'actrice francophone leur tient bien tête. Il y a énormément de sincérité dans leur jeu que Geoffrey Enthoven leur doit certainement beaucoup. Ils jouent toujours juste et certaines séquences auraient nettement été moins bonnes sans avoir les bons comédiens nécessaires au bon déroulement des scènes. Hasta la vista est une oeuvre qui ne manque pas de charme et de sympathie pour conquérir un large public en tout cas.