Hell Town par cherycok

Matt Shakman roule sa bosse depuis un bon petit moment dans le milieu de la série. Fargo, Dr House, Philadelphia, The Good Wife, Revenge (et la liste est bien plus exhaustive), il semble être un bon tâcheron puisque bon nombre de producteurs lui ont fait confiance. HellTown, Cut Bank en VO (oui, une fois de plus, le grand mystère de remplacer un titre anglais par un titre anglais pour son exploitation en France…), est son unique long métrage. A la vision de celui-ci, on sent que le bonhomme est un grand amateur du cinéma des frères Coen, à tel point que –coïncidence ?- même le casting de luxe de cette petite production a été pioché dans les différents films des frangins. Alors, ce HellTown sorti de nulle part (passé quasi inaperçu aux States, sortie confidentielle en DTV chez nous) arrive-t-il à se placer au même niveau qu’un Sang pour Sang, Fargo ou Burn After Reading ? Certainement pas. Pourtant, dans le genre petit thriller fun et cynique, il s’avère redoutablement efficace.

Qu’on se le dise, Hell Town est une petite production. Avec son budget estimé à 5M$US, dont une grosse partie sans doute dédiée au casting, il est clair que les artifices sont peu nombreux. Du coup, le film mise tout sur son scénario très malin, avec quelques éléments de narration certes un peu abusés en termes de crédibilité mais qui pourtant lui donnent toute sa force.
Le postulat de départ est pourtant assez banal : un petit groupe de personnes va organiser un coup monté afin de récolter du pognon. Sauf que bien évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu, pas dans l’organisation du coup en lui-même, mais dans les conséquences que cela va avoir lorsqu’un élément extérieur va pointer le bout de son nez, le genre de protagoniste dont les instigateurs de l’esbroufe se seraient bien passés. Quiproquos, situations rocambolesques, décès inattendus, retournements de situations, personnages barrés, des éléments récurrents du cinéma des frères Coen qu’on retrouve ici et qui fonctionnent à merveille. Voir le personnage de Liam Hemsworth subir les impondérables de son plan a quelque chose d’assez jouissif surtout que, pour une fois, les retournements de situation sont assez inattendus. Pourtant l’histoire en elle-même est toute simple, mais ça fonctionne d’entrée de jeu et ce en partie grâce au casting tout bonnement excellent interprétant des personnages qui ne le sont pas moins.

Un Shérif à l’estomac fragile et un peu trop diplomate (John Malkovich), l’instigateur de la machination rapidement dépassé par les évènements (Liam Hemsworth), sa petite copine dont la seule préoccupation est de devenir la nouvelle Miss locale (Teresa Palmer), le père de cette dernière en patron imbuvable (Billy bob Thornton), un indien muet de 2m adepte du lancer de couteaux (David Burke), un inspecteur de la poste fan des tartes aux pêches (Oliver Platt), ou encore un enfant du pays un peu attardé mais très dangereux, que tout le monde croyait mort, et dont la seule préoccupation est de retrouver son colis perdu dans la fameuse machination. Une belle brochette de personnages barrés qui fait la force du film, avec un Michael Stughlbarg méconnaissable avec ses lunettes cul de bouteille, arrivant à être à la fois angoissant et résolument fun dans son comportement complètement binaire.
En termes de mise en scène, Matt Shakman fait le job. Rien de bien exceptionnel ni de clinquant, mais l’ensemble est maitrisé du début à la fin, relativement bien écrit, accompagné par une bande originale assez discrète mais qui complète bien l’ensemble. Vraiment, il n’y a pas grand-chose à redire de cette petite production qui ne paie pas de mine mais qui fait le job.

Hell Town s’avère au final être une chouette petite bobine. Loin derrière les meilleures bobines des frères Coen, elle s’en inspire néanmoins avec brio. Un petit film qui passe crème, parfait pour une longue soirée d’hiver.

Critique avec images et trailer : ICI