Assez vite, on se rend compte que Guillermo del Toro a assez de liberté pour mêler son univers si particulier à celui du comics Hellboy lorsqu'il signe l’adaptation de celui-ci, et c'est assez réjouissant, il apporte un vent de créativité et de talent que l'on ne voit que trop rarement dans ce genre.


Le premier aspect qui marque vraiment lorsqu'on visionne Hellboy, c'est sa galerie de personnage, avec d'abord le garçon de l'Enfer, puis ceux l'entourant, que ce soit dans ceux présentés comme gentils ou non. Assez vite il y a une fascination pour eux, que ce soit ce démon bourru n'écoutant que lui même, l'humanoïde amphibie aux pouvoirs si particulier ou Kroenen, méchant atypique mêlant nazisme et magie noire. Si ces derniers sont géniaux, les humains ne sont pas non plus en reste, à l'image de Liz, et parviennent aussi à exister et c'est cette alchimie entre eux tous, ce qui va les unir ou les opposer, qui porte le film.


Derrière la caméra, del Toro sait à la fois s'effacer derrière ses personnages, mais aussi créer une atmosphère prenante, presque mystique, sombre lorsqu'il le faut, un peu folle et fantastique par moment et légère à d'autre, sans que cela ne perturbe le récit. Il arrive à humaniser ce personnage né des flammes de l'enfer, lui donner une réelle consistance, que ce soit par les séquences légères (sans tomber dans la bouffonnerie) ou même certaines plus mélancoliques. Tout cela fonctionne, le film sait faire simple lorsqu'il le faut, et l'alternance entre les différents tons est juste, notamment l'action, savamment distillée tout le long du film et bien souvent mémorable.


L'oeuvre est aussi à contre-courant des standards hollywoodiens, tant del Toro parvient à lui insuffler une poésie visuelle, de vraies idées qui forment une osmose avec le fond. Il fait preuve d'imagination et de talent pour aussi exploiter les décors et maquillages, et on se retrouve plongé avec passion au cœur de cet univers où l'on navigue aussi entre archéologique, occultisme et sombre romantisme, ce qui se ressent sur chaque image. Devant la caméra, Ron Perlman ne joue pas Hellboy, il est Hellboy, et il est remarquable, justifiant l'insistance de del Toro et Mike Mignola pour l'avoir lui et non Vin Diesel, tandis qu'il est bien entouré, notamment par Selma Blair et Rupert Evans.


Guillermo del Toro signe avec Hellboy une oeuvre endiablée et fantastique, il parvient à insuffler une poésie visuelle, des atmosphères différentes et un véritable savoir-faire, trouvant l'alchimie entre tous ces aspects, et s'appuyant sur un génial Ron Perlman pour littéralement donner vie à ce garçon de l'Enfer.

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le 10 mai 2020

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Docteur_Jivago

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