Aventurier lubrique, Frank Cotton met la main sur une étrange boîte, censée lui donner accès à des plaisirs au-delà des limites connues. Mais après avoir réussi à l'ouvrir, l'homme est déchiqueté sur place ! C'est alors que son frère débarque dans la maison familiale où Frank a tenté ses expériences...


Artiste britannique dérangé, Clive Barker a vu plusieurs de ses œuvres adaptées au cinéma. Pour « Hellraiser », il décide de diriger lui-même le film, signant là sa première réalisation. On retrouve des défauts inhérents à un premier film (quelques maladresses par-ci par-là), et au faible budget (notamment, les effets "électriques" rajoutés sur la pellicule sont très laids). Néanmoins, "Hellraiser" est un film qui regorge de style et de bonnes idées bien barrées.


En premier lieu, les fameux Cénobites. Loin d’être des monstres meurtriers issus d’un teen-slasher lambda, ce sont des créatures sado-masochistes, juges d'un Enfer sanguinolent, qui visent à faire respecter leurs règles à ceux qui pénètrent dans leur univers. Malgré des apparitions courtes, ils sont clairement le clou du spectacle, grâce à leur prestance et leur design. A tel point que le plus célèbre d’entre eux, Pinhead, deviendra la figure de proue de la franchise.


« Hellraiser » ne se limite pas à cela. Le film se veut presque comme une œuvre d’horreur gothique, genre dont il reprend plusieurs codes. L’intrigue familiale se déroulant dans une grande demeure sinistre. Des expériences charnelles qui tournent mal. La protagoniste féminine, tiraillée entre son mari, gendre idéal, et le frère de celui-ci, un déviant ténébreux. A ceci près que contrairement à ces récits victoriens où les personnages sont émoustillés par un peu de nudité ou un baiser, c’est ici le sado-masochisme qui est au centre du récit !


Le rapport entre plaisir, douleur, et soumission, sera ainsi l’un de thèmes principaux, évoqué entre autres à travers certains choix de montage intéressants. Le droit à la différence en sera un autre. Mais surtout, la bestialité et la violence de l’homme. Car les « monstres » ne sont pas ici les Cénobites, qui ne font qu’appliquer leurs règles. L’ambiguïté, voire la cruauté, réside plutôt chez des personnages humains, qui sous leur peau cachent les pulsions violentes de la chair.


On appréciera à ce niveau une Clare Higgins tout à fait convaincante en marâtre froide et sèche, qui masque des désirs sombres. Et l'évolution de jeu d'Andrew « Scorpio » Robinson. De plus, les effets de maquillages et de costumes sont particulièrement réussis, donnant lieu à des passages délicieusement dérangeants ou gore. Sans oublier la BO macabre de Christopher Young, de bel effet.


« Hellraiser » est donc un film fantastique original et personnel, qui donnera malheureusement lieu à une batterie de suites très souvent peu recommandables.

Redzing

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