Franchement j'allais voir ce film sans rien y connaitre et j'ai été très agréablement surpris ! J'ai alors découvert une petite pépite ! L'ambiance visuelle et sonore se marient de la meilleure façon qui soit du début à la fin. Le réalisateur sait quand faire respirer son film et quand le faire exploser et ça fait un bien fou !
HER SMELL c'est un véritable trip psychotique ! On a réellement l'impression d'être drogué quand Becky l'est et sobre quand l’elle également ! Ce lien qu'il y a entre la Becky, la musique, la cocaïne et le spectateur est extrêmement fusionnel. Elisabeth Moss (Becky) nous présente là une prestation digne d'être récompensée (à quand l'Oscar ?). A chaque fois on a l’impression que l’actrice donne tout ce qu’elle a, que le personnage est au bout de ses limites. Mais en réalité, elle n’a aucune limite ! La puissance du délire grandit de façon exponentielle ! On est durant tout le film, accroché à son siège et dans les entrailles même de la Rockstar évolution !
Si le scénario apparaît comme basique, banal, ce n’est pas le cas de la réalisation. Le film se sépare en 5 parties à chaque fois rythmées par des scènes filmées en mode « caméra embarquée » dans la vie antérieure des personnages, aux plus forts moments de leur succès/célébrité. Ces scènes de transitions permettent d’une part de créer des moments de respiration mais également d’introduire des personnages pour la suite, et de positionner plus précisément l’intrigue sur des bases solides. Cela donne une intelligence au film qui est, je dois le dire, très agréable.
Durant tout le film, Becky se détruit et emporte son monde dans sa chute telle une tempête. Le rythme de la bande sonore est alors incroyablement bien maîtrisé. Dès que la chanteuse des SOMETHING SHE entre dans une pièce, un tumulte, une tempête audiovisuelle entre avec elle ! L’immersion est totale.
Enfin, il y a deux autres aspects du film qui permettent de lui rajouter un gout plus amer mais plus important à la fois. Le premier c’est tout le côté tribal et vaudou très cher à Becky. Il libère à chaque fois des enjeux de stress et de croyance importants. Car même si dans notre vie on ne croit pas à ce genre de choses, ici on a constamment l’impression que c’est réel et que tout peut se passer. Ensuite, le deuxième aspect est celui du passé de Becky, probablement à l’origine de tous ses troubles.

On évoque le fait que son père l’a fait beaucoup souffrir en l’abandonnant quand elle était enfant. Il chercherait à se faire pardonner, maintenant qu’elle détient une très grande notoriété. Et hop la souffrance de Becky à ce propos est grandie.


De plus, malgré son tempérament explosif et destructeur, elle a apparemment toujours été présente pour ses proches et les a aidés à un moment ou un autre, sans réel retour. Mais cela ne la dérange pas car elle aime ses proches. L’empathie pour le personnage est alors plus présente car le spectateur est témoin de certains profiteurs qui rôdent autour d’elle. Mais en réalité, « elle est seule ».

Ce qui m’amène au seul point négatif du film mais pas des moindres : l’optimiste Hollywoodien qui reprend le dessus vers la fin. Durant les trois premiers quarts du film, on nous présente un pessimisme et une destruction telle que la fatalité devient évidente et c’est jouissif ! On se dit « enfin une vraie anti-héroïne (anti-star même) » et malgré cela, on l’adore et on s’identifie à elle et à sa souffrance.

Le dernier quart montre une certaine rédemption de cette star, rédemption qu’on aurait pu imaginer si le film s’était arrêté un peu avant. Finir le film en laissant libre court à l’imagination du spectateur après le carnage aurait été idéal car de cette façon, chacun aurait créé la fin ou la suite de Becky Something à sa façon. D’autant plus que pendant cette dernière demi-heure, très souvent le réalisateur nous laisse penser que le film va s’arrêter, mais à chaque fois ça continue comme s’il avait oublié de nous dire quelque chose. Certes c’est, je pense, la volonté du réalisateur de vouloir nous montrer que tout le monde a droit à la rédemption et patati patata comme le veulent tous les clichés hollywoodiens de notre temps. Et c’est dommage car le film en est très éloigné quasiment tout le temps. Et ce, pour notre plus grand plaisir.

PH-MORTINI
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le 18 juil. 2019

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PH-MORTINI

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