Hercule
4.3
Hercule

Film de Brett Ratner (2014)

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Un original retour définitionel du super-héros dans un blockbuster basique un chouya inventif

La fin du film arrive comme la conclusion à une dissertation portant sur la définition de ce qu'est le super-héros et elle est accompagnée d'un générique imagé qui l'illustre. Cette conclusion est excellente en cela qu'elle rappelle ce que des Avengers ou Quatre fantastiques nous ont fait oublié de ce que Zorro ou Batman nous avaient appris. Un héros est un homme d'essence divine, semi-divine ou portant temporairement une essence divine; ce sont les cas respectifs d'Hercule, Achille ou Pâris par exemple. L'homme qui se distingue par une force, une habilité physique ou mentale sans l'aide des dieux, lui, est un surhomme, comme Sherlock Holmes, le Comte de Monte-Cristo. Tout cela est admirablement mis en lumière par Umberto Eco dans De Superman au surhomme. Hercule vient ici nous rappeler que le super-héros est un sur-héros, c'est à dire un être supérieur à un homme au moins semi-divin. Comment cela est-il possible? En créant un être qui peut indéfiniment être incarner par différents êtres, le rendant plus immortel qu'un dieu lui-même. C'est donc bien Hercule et ses compagnons de combat que l'on acclame car Hercule est l'ensemble d'entre eux ainsi que leurs potentiels successeurs.
Belle morale entachée par sa formulation contradictoire: "Il n'est pas nécessaire d'être un demi-dieu pour être un héros, il suffit de croire qu'on est un héros" qui suppose qu'en croyant être ce qu'on est pas, un demi-dieu, on le devient. Cette contradiction révèle un éloge de l'effort mais aussi un problème de catégorie que Ratner adaptant Marvel n'a pas su ou n'a pas voulu résoudre: parle-t-on d'un héros ou d'un super-héros? Belle morale qui est donnée en résolution à un spectateur que ce flou définitionnel du héros aura pu perturbé pendant tout le film.

Il y a des combats extrêmement bien introduits jouant tant sur l'horreur fantastique, les morts reviennent à la vie pense-t-on, que sur la fibre épique, les cavalier comme chez Victor Hugo semblent des centaures. Mais pour le reste, n'était l'excellente trouvaille des murs fortifiés de boucliers tenus par des soldats, les combats restent des chorégraphies courues rappelant les scènes anthologique du Roi Arthur, de Kingdom of Heaven ou du Seigneur des anneaux. Dommage!

C'est aussi - sans doute parce que cela tenait à coeur à Dwayne Johnson, l'interprète du personnage éponyme - une admirable reprise du film de Francisci, Les Travaux d'Hercule, dont la scène clef où Hercule brise ses chaînes pour se libérer, est magnifiée ici dans une scène d'agnition terrible doublée d'une menace non moins terrible pour l'un des protagoniste et des paroles épique du devin à Hercule. Néanmoins, si la réécriture de ce film porte le film Marvel à un degré supérieur aux autres, elle ne le fait que dans cette unique scène qui est absolument à voir.

Le casting, enfin, qui est l'image du film. Dwayne Johnson réalise son rêve de gosse et nous convainc dans la peau de celui qui porte celle du lion de Némée; il devient le pilier fort de ce film. Autre belle surprise, John Hurt, tout juste sorti de son TARDIS de Docteur de la guerre vieux et affaibli, fait mentir ce dernier rôle en jouant un roi manipulateur et surtout diaboliquement déchaîné suivant avec une fidélité affolante le crescendo du film jusqu'à sa sortie spectaculaire. Enfin, McShane, un fidèle de Ratner qu'on retrouve sous le tricorne du Barbe-Noire de Pirates des Caraïbes 4, ravit d'humour décalé et mystère dans le rôle du devin.
Mais Joseph Fiennes, qui avait connu le succès du temps de l'insuccès relatif de Ralph, marche faiblement dans les pas de son frère, n'apparaissant qu'à peine pour un rôle à peine esquissé. Quant à Rufus Sewell, qui fut un excellent méchant de Zorro comme un surprenant roi Marc dans le Red Sword des frères Scott (je parle bien des réalisateurs, pas des personnages de série), il se cantonne dans le rôle cliché de l'ami proche du héros, de valeur similaire mais à qui il manque ce petit grain de folie qui fait la différence. Bref, le minimum syndical.

En conclusion un film mitigé, mêlant un bon gros vieux blockbuster à l'ancienne avec certaines ingénieuses trouvailles qui en relève le goût sans l'empêcher d'être assez souvent bien terne.
Frenhofer
6
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le 27 févr. 2015

Critique lue 378 fois

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Frenhofer

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