Hideous
4.4
Hideous

Film de Charles Band (1997)

Hideous !, Charles Band, U.S.A, 1997, 1 h 22

Premier volet de la phase II du PMU, « Hideous! » constituait au départ une tentative de développer encore plus l’univers « Puppet Master ». Toutefois, s’il lance bien de nouvelles pistes, le projet demeure raté et reste finalement indépendant de la franchise. Cependant, il y avait derrière une volonté de débuter une énième saga et de développer un plan à la « Dollman vs Demonic Toys ». Heureusement, ça ne l’a pas fait !


Et c’est le nabab du cinéma d’horreur sans le sou qui se trouve aux manettes, ce qui fait surtout économiser à « Hideous! » un poste de réalisateur. Pourtant, ce n’est pas pour autant que le budget apparaît soudain extraordinaire. Ça reste une toute petite production, qui sent bon la fin du D-T-V, avec une ambiance à mi-chemin entre une série TV et un délire de la Troma, l’hystérie et le burlesque en moins.


Ce qui apparaît fascinant avec la Full Moon Pictures, c’est ce premier degré mal placé, qui confère aux productions un potentiel de série A, mais sans l’investissement nécessaire. Tout fleure bon le kitsch, comme les décors, toujours des sous-sols où des petites pièces vides, ou les acteurices, qui ont visiblement peu de prises pour réciter leurs textes. Difficile de s’investir dans un rôle lorsqu’il est impossible de l’incarner.


« Hideous! » s’avère riche d’un esprit « à la va vite » qui caractérise la Full Moon. Ça commence comme une œuvre critique, avec trois ouvriers qui se lamentent, puis suite à un mystère le film plonge dans une ambiance mystique et gothique. Avec cette petite dose de nul, qui rappelle qu’on se trouve bien devant un produit de Charles Band. Ça reste de l’exploitation pure et c’est un style en soi !


Cette petite plongée dans le monde des trafiquants d’extra-terrestres (les Hideous du titre) propose une ambiance sombre, à la lumière tannée, où les stores se reflètent sur des visages mystérieux, recouverts par la fumée des cigarettes. Ça parle business au beau milieu d’une enfilade de clichés, qui favorisent la création d’un décalage constant, entre l’imagerie et ce que raconte le film. Comme avec les précédents « Puppet Master », la marque Band se définit par un détournement des genres populaires, en reprenant tout ce qui les caractérise, pour les intègrer sans ménagement ni logique dans une production horrifique à petit budget.


Convaincu d’être convaincants, les comédien.nes livrent tous à leur manière un jeu des plus extraordinaires, tellement ils n’arrivent jamais a se montrer crédibles. Ils jouent pourtant leurs rôles à fond, mais ne parviennent jamais à donner de la texture à des clichés ambulants qui le restent du début à la fin. C’est un peu comme regarder une pièce de théâtre par des lycéens, qui y ajouteraient une petite dose de gore timide, rendant le tout [presque] fascinant.


Flic Bad ass, femme fatale, collectionneur pourri, mage occulte et secrétaire débile forment une galerie de personnages stéréotypés, assez peu convaincant, il faut le dire. Seule la secrétaire se révèle drôle, car elle sert de ressort comique tout pété et bas de plafond. Cependant, force est d’admettre, la plupart de ses interventions apportent une légèreté bienvenue dans un métrage très sombre (visuellement). Le nouveau stock d’ampoules ne devait pas encore être arrivé !


Le méchant ?? Eh bien c’est un mélange entre un prêtre satanique et Serj Tankian, un véritable amoureux des formes extra-terrestres peu ragoutantes, qu’il conserve en totale inconscience, sans aucune protection dans sa salle de collection. Forcément, ce n’est pas une très bonne idée et les bébêtes et ben elles finissent par se casser (parce qu’à un moment, faut bien que le film raconte un truc…).


Il est le mentor d’une sorcière en devenir qui passe son temps à moitié nu, et à se faire insulter. Charles Band n’avait pas vraiment prévu #metoo… On ne peut pas être visionnaire sur tout, d’autant plus lorsqu’on naît boomer (Charlie est de 1951) et qu’on a une mentalité digne de l’ère Eisenhower.


Mais le petit plus apporté par « Hideous! », c’est l’arrivée des effets spéciaux numériques, deux ans avant « Matrix ». Charles Band avait déjà compris où se trouvait l’avenir des trucages. Les extra-terrestres s’avèrent ainsi animés par ordinateur, mais sous du Windows 95. Lisez-le bien, les monstres sont des marionnettes fabriquées et animées à la main, mais ils ne bénéficient pas de stop-motion, puisque leurs mouvements sont générés par l’informatique. Le futur.


Pour ce qui est de l’environnement, la majeure partie de l’intrigue se déroule dans le sous-sol du château appartenant au mage (Serj Satankian). Le château, dont on peut souvent admirer la façade, n’est présenté de l’intérieur qu’au travers de son sous-sol, le seul vrai décor du film, rentabilisé bien comme il faut. Tous les personnages s’y retrouvent prisonniers, avec les monstres qui les attendent dans les couloirs.


En vrai, il ne se passe pas grand-chose dans ce « Hideous! » à peine horrifique. Aussi offensif qu’un épisode de Chair de Poule, il ressemble à un film d’Horreur sans l’horreur. Le film manque de séquences horrifiques et les Hideous se montrent très peu. Il n’y a pas vraiment de gore, au point même que ça en devienne presque trop gentil. C’est plutôt frustrant, car l’attente ne rapporte jamais de récompenses et lorsque ça se termine… eh bien voilà.. C’est tout… salut…


En plus d’avoir l’impression de s’être fait tromper sur la marchandise, le travail des animateurs est rarement mis en valeur. Les monstres n’apparaissent jamais vraiment, se contentant de trois gestes à l’ombre des regards. Un peu de gluant pour les rendre dégueux, une agression sexuelle particulièrement malsaine, un meurtre nul et emballé c’est pesé.


Décevant, même venant de Charles Band, ce qui en dit certainement beaucoup…


-Stork._

Peeping_Stork
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste The Puppet Master Universe (ou PMU)

Créée

le 20 août 2021

Critique lue 108 fois

2 j'aime

Peeping Stork

Écrit par

Critique lue 108 fois

2

D'autres avis sur Hideous

Hideous
Fatpooper
5

Les plus laids contre les plus méchants

L'affiche envoie du rêve.Le récit est très décevant. Il ne se passe pas grand chose une fois la créature volée (et quel vol, une nana à poil qui braque un gangster dans sa bagnole !). Après ça ce...

le 30 juin 2023

Du même critique

The Way Back
Peeping_Stork
10

The Way Back (Gavin O’Connor, U.S.A, 2020, 1h48)

Cela fait bien longtemps que je ne cache plus ma sympathie pour Ben Affleck, un comédien trop souvent sous-estimé, qui il est vrai a parfois fait des choix de carrière douteux, capitalisant avec...

le 27 mars 2020

16 j'aime

6

Gretel & Hansel
Peeping_Stork
6

Gretel & Hansel (Osgood Perkins, U.S.A, 2020, 1h27)

Déjà auteur du pas terrible ‘’I Am the Pretty Thing That Lives in the House’’ pour Netflix en 2016, Osgood Perkins revient aux affaires avec une version new-Age du conte Hansel & Gretel des...

le 8 avr. 2020

13 j'aime

2

The House on Sorority Row
Peeping_Stork
9

The House on Sorority House (Mark Rosman, U.S.A, 1982)

Voilà un Slasher bien particulier, qui si dans la forme reprend les codifications du genre, sans forcément les transcender, puisqu’il reste respectueux des conventions misent à l’œuvre depuis 3 ans,...

le 29 févr. 2020

10 j'aime