Parmi les adaptations et films à concept étrange, il y en a qui surprennent et qui sortent du lot, avec un vrai propos de fond. L'an dernier, j'avais vu The Lobster, un film dystopique avec un univers incroyable. Ce film est à peu près dans ce même délire en tant qu'adaptation du roman I.G.H de J.G. Ballard prend une direction tout à fait étonnant. Ce film est surprenant et incroyable mais souffre de quelques choses d'assez préjudiciable, malgré ses qualités.



Un film vraiment bien réalisé mais ...



En tant que réalisateur, je ne connais pas Ben Wheatley. Mais force est de constater qu'avec ce film, il nous livre une expérience très onirique avec le concept de base. Il offre des images fortes avec une mise en scène incroyable (notamment les nombreux reflets , jeux de miroirs et montage psychédélique). La musique est vraiment bien utilisée et accompagne bien le film en plus elle donne un aspect envoûtant. C'est aussi un film très cru qui ne s'interdit rien. On pourrait croire qu'il pourrait être faussement cru mais non. Cependant le film possède un gros passage assez lent. Bien sûr il y a des ralentis mais ça ce n'est pas un problème. Toutefois, le rythme au milieu du film est très voir trop lent, limite soporifique. Pire ! Je me suis réellement endormi tellement le rythme était trop lent ! C'est vrai que le problème de rythme est préjudiciable au film qui pourtant possède un thème et des enjeux intéressants. Il retranscrit bien le sentiment de chaos ambiant qui a durant le récit mais ce problème de rythme lui est préjudiciable (voir plus que le film Assassin). Sinon nous avons des personnages qui sont tous bien définis.



La cour des miracles



En ce qui concerne les personnage, nous avons le docteur Laing (Tom Hiddelston) qui est ...présent. Ce n'est pas vraiment un héro qui agit mais un personnage neutre et témoin. Solitaire et ayant perdu sa sœur, il va s'intégrer peu à peu au monde singulier et goûter aux plaisirs et aux dérives de ce monde. Il parait le plus saint d'esprit mais son regard limite neutre à tout ce qui s'y passe lui donne une stature étonnante. Il est parfaitement conscient que le monde va s'écrouler et préfère le laisser s'autodétruire plutôt qu'agir (tout en se faisant 2 /3 femmes pour le coup).


Charlotte Melville (Sienna Miller) est une femme désabusée qui est libertine. Elle trompe ouvertement son compagnon sans vergogne mais finira par avoir son retour de bâton. Elle parait détestable de prime abord mais est plus triste qu'autre chose au final.


Anthony Royal (Jeremy Irons) est l'architecte désabusé de la tour. Le film nous fait bien signifier qu'il est aussi l'architecte de la propre décadence de l'immeuble. Il a créé inconsciemment une micro-société avec une lutte des classes explicites. Si au départ il était défini par sa neutralité, il va s’avérer être le maître de cérémonie d'un monde dont il a perdu le contrôle.


Richard Wilder (Luke Evans) est le compagnon de Charlotte et une personne assez peu commune. Il est le premier à s'insurger vers cette lutte des classes et à vraiment sombrer dans la folie. Son pétage de plomb est mémorable et lui donne un aspect effrayant


Surtout qu'au final il en voudra vraiment à Charlotte de ses aventures et va affronter Anthony Royal à cause des péchés de ce dernier


Le reste des locataires est assez mémorable mais il y en a trop pour tous les citer. On a Helen Wilder (Elizabeth Moss) la femme enceinte, la femme d'Anthony, la célébrité, etc etc...le tout forme une micro-société limite oligarchique au sein même de l'immeuble.



L'Oligarchie mène à l'auto-destruction



C'est à ça qu'on peut résumer le film. L'immeuble est une sorte de micro-société ou une sorte de lutte des classes s'engagent. Il y a les privilégié qui font toujours la fête et les autres subissent. Le film nous montre de prime abord le faite que ce système dysfonctionnel mène à l'auto - destruction, symbolisée par la folie. Les personnes perdent tout repère moraux et s’entre-déchirent. Cela dit, si on l'applique à nos jours, on peut voir une satyre de notre société ou mieux de la mondialisation. Les plus démunies vont toujours s'en prendre aux plus riches ce qui va mener à la destruction du système et du monde. Mais là où la logique voudrait que docteur Laing, qui est médecin, serait l'élément qui remettra de l'ordre, on a un film qui le montre comme celui qui semble neutre. Il jouit des plaisirs mais aucunes ne le respecte vraiment


Sauf les femmes


Mieux encore, on a l'impression que dans tout le film, il ne s'est pas complètement installé et la dernière phrase est lourde de sens


A la fin, là où presque une bonne partie des occupants se sont entre-tués, il dit qu'il est enfin chez lui en mangeant le chien de l'architecte


C'est quand même incroyable et le moment est grinçant.


Mieux encore, on remarque qu'à la fin il est ne reste pratiquement que les personnages féminins de vivants


Cela signifie qu'il a pris la place de l'architecte dans une société qui est devenue patriarcale et où il est devenu maître. Ce qui est dingue et incroyable et qu'au final il pourra recréer sa propre société sur les ruines de l'immeuble.



Satire grinçante et pessimiste



Bref, ce film est maîtrisé mais malheureusement assez inégal en terme de rythme. C'est dommage car la réalisation ose pas mal de choses, l'histoire est intéressante et les personnages qui vont de l'attachant au borderline. Un bon petit moment de cinéma mais qui gagnerait à être plus attractif. Moralité : Soyez neutre dans tous les problèmes !


Version fun de la critique ici

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le 13 avr. 2016

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Neo Cosmic

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