Une histoire au long cours

Un inspecteur de police arrête un violeur âgé de 23 ans, et il s'aperçoit qu'ils viennent du même village, où règne une sorte de malédiction qui remonte depuis plusieurs générations.

Dans ce cinquième film sur les neuf qu'il a réalisé dans la seule année 1967 (!), Koji Wakamatsu va réaliser une sorte de trilogie, au nom plutôt explicite, sur les bas-fond de la société japonaise, ce qui doit être tu, et ici, il est surtout question de viols. Qui sont perpétrés depuis des siècles dans ce petit village, jusqu'à un coup de théatre qui pourrait redistribuer les cartes et permettre une autre lecture du film.

Même si c'est encore une fois assez court, 75 minutes, Wakamatsu producteur a semble-t-il eu un peu plus de moyens pour raconter cette histoire tragique, mais paradoxalement bien filmée, en se jouant de la censure, et notamment un des premiers plans au ralenti où on voit une jeune femme, aux habits déchirés et à la poitrine apparente, qui fuit devant son agresseur... Comme pour appâter le chaland amateur de pinku eiga, dont le réalisateur se faisait une spécialité, alors que c'est en fait un drame assez dur.

Ce que fera plusieurs fois Wakamatsu dans sa carrière : mettre de l'érotisme assez rapidement pour en fait parler d'autre chose, voire même assez politique, notamment sur le destin du Japon durant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui devait être osé à l'époque. La rareté du film fait que l'image en elle-même est assez moyenne, en noir et blanc, mais il y a quelques scènes tournées en couleurs qui du coup marquent de par le contraste, et leur violence.

Dans la très grosse filmographie de Wakamatsu, c'est (à ce jour) un de ses meilleurs films, à la fois dur et tragique.