Un film d'artiste: créatif.
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le 9 janv. 2025
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Dans "Hiver à Sokcho", Koya Kamura, réalisateur franco-japonais, adapte avec une sensibilité remarquable le roman éponyme d’Elisa Shua Dusapin. Ce premier long-métrage s’impose comme une œuvre subtile et envoûtante, explorant les thèmes universels de l’identité, de la solitude et des relations interculturelles.
Le film prend place à Sokcho, une ville côtière de Corée du Sud, proche de la frontière nord-coréenne. En hiver, cette station balnéaire devient presque fantomatique, dépouillée de ses touristes et enveloppée dans un calme glacial. Ce cadre austère reflète à la perfection l’état émotionnel de Soo-Ha, une jeune femme de 23 ans en quête de sens. Interprétée avec une grande justesse par Bella Kim, Soo-Ha est franco-coréenne et travaille dans une pension modeste, où l’arrivée de Yan Kerrand, un auteur de bandes dessinées français (Roschdy Zem), vient bouleverser son quotidien.
La venue de cet individu sert de déclencheur pour Soo-Ha, l'incitant à s'interroger sur son père français, dont elle n'a aucune connaissance. Leur relation, marquée par des barrières linguistiques et culturelles, n’est pas une romance conventionnelle. C’est un dialogue silencieux, empreint de malentendus et de non-dits, où chaque tentative de connexion résonne profondément avec les questions identitaires de Soo-Ha.
À travers ce prisme, "Hiver à Sokcho" explore les défis de l’identité métissé. Soo-Ha oscille entre ses racines coréennes, incarnées par sa mère marchande de poissons, et son désir de comprendre sa part française, représentée par Yan. Le film se déploie également comme une réflexion sur les relations interculturelles. Yan Kerrand, incarné avec sobriété par Roschdy Zem, apporte une vision occidentale brute et parfois désinvolte dans cet environnement coréen empreint de traditions. Ce choc des cultures est habilement mis en lumière, notamment par des détails comme les choix alimentaires ou les attitudes contrastées face aux conventions sociales.
La mise en scène est d’une élégance rare : chaque plan est réfléchi avec minutie, créant une atmosphère à la fois poétique et mélancolique. Les paysages hivernaux de Sokcho, sublimés par une caméra précise et inspirée, renforcent l’introspection et la solitude des personnages. Visuellement, c’est un véritable plaisir. La scène de Soo-ha devant le miroir, se carresant avec le pinceau, est d'une tendresse rarement vu au cinéma.
"Hiver à Sokcho" est bien plus qu’un film sur les liens entre la France et la Corée. C’est une méditation sur la complexité des identités hybrides, un hommage aux relations humaines qui transcendent les frontières. Koya Kamura signe ici un premier long-métrage remarquable, offrant une œuvre universelle et profondément émouvante.
Créée
le 20 janv. 2025
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